Aujourd’hui à la tête de la Cidrerie du Minot où s’est opérée cette petite révolution, Audrenne et Alan Demoy incarnent une relève aussi consciencieuse que talentueuse.

Audrenne, c’est la scientifique rationnelle qui élabore les nectars et parle posément. Alan, c’est «Monsieur PR», qui s’occupe du marketing et va au-devant des gens. Ensemble, les héritiers Demoy font rouler l’entreprise familiale depuis neuf ans, tandis que leurs parents profitent d’une retraite bien méritée. «Mais ils sont là chaque fois que nous avons besoin de conseils», assure l’aînée.

Par un froid matin de décembre, elle nous donne rendez-vous à la boutique de la cidrerie, devant laquelle les 14 000 pommiers plantés sur une vingtaine d’hectares dorment sous la neige. Au sous-sol, les fruits givrés cueillis un peu plus tôt sont foulés dans le pressoir pour donner, ultimement, du cidre de glace vendu ici et en France. Le reste des pommes alimente la production locale de cidre tranquille ou effervescent.

«Notre signature, c’est la pomme. Le bouquet se retrouve en bouteilles selon la méthode en cuve close, peu répandue au Québec, explique la chimiste en nous faisant visiter les installations. La fermentation à très basse température nous permet d’obtenir une bulle tout en finesse, de même que des produits peu alcoolisés.»

 

 

Robert le défricheur

C’est son père, Robert Demoy, qui a eu la pétillante idée de recourir à cette technique dans le but de préserver le goût du fruit. L’œnologue n’en était pas à sa première innovation. Avec son épouse, Joëlle, il a relancé la fabrication du cidre au Québec, après la débâcle de l’industrie dans les années 1970. Une initiative qui allait de soi pour ce Breton d’origine. «Le cidre coulait dans ses veines», illustre Audrenne.

En 1978, l’homme commence par mettre ses connaissances au service d’une compagnie viticole québécoise. La même année, la famille émigre ici, dans la municipalité de Hemmingford, reconnue pour ses pommiers. Près d’une décennie plus tard, le couple achète un petit verger, et ce n’est pas pour vendre les pommes au marché! «Mon père savait que le permis de fabrication et de vente de cidre artisanal faisait l’objet de pourparlers au Québec», dit Audrenne. Premier à l’obtenir, en 1988, ce visionnaire est aussi conscient qu’il a une grosse côte à remonter pour faire oublier la production industrielle de mauvaise qualité. «Les gens l’ont traité de fou», rappelle sa fille en rigolant.

Voulant se défaire de cette mauvaise réputation, Robert Demoy démarre la production en baptisant son cidre «crémant de pomme». «Dans les foires, nous incitions les visiteurs à goûter à notre “mousseux” fait avec des pommes mcIntosh. En les voyant ravis, nous leur disions que c’était du cidre… de qualité!»

 

 

Qualité, qualité, qualité

Ce mot reviendra plusieurs fois au fil de la conversation, comme un mantra ou une obsession. «Quand on obtient le permis numéro un de cidre artisanal, on se doit de maintenir les standards», observe la jeune copropriétaire, qui a étudié en biochimie puis bifurqué vers l’enseignement, avant de revenir à la cidrerie. Son frère Alan a également travaillé ailleurs avant de fixer son choix sur l’entreprise familiale.

«Notre production annuelle avoisine les 500 000 bouteilles, soit une douzaine de produits conçus avec minutie», souligne Audrenne. Légèrement fruités, agréables en bouche, les cidres du Minot présentent un bel équilibre entre sucre et acidité. La cidricultrice songe maintenant à en développer de plus secs, comme cela se fait en Europe, question d’innover et de surprendre la nouvelle génération. «Dans un marché en pleine expansion, je refuse que nous répétions les erreurs du passé en versant dans la grosse production. Tant que je ne suis pas satisfaite, le produit ne sort pas d’ici!»

Pour commencer la soirée en beauté et en saveurs, ce cidre mousseux tout en finesse séduit les papilles depuis plus de 30 ans! Son faible taux d’alcool, son bouquet de pomme fraîche, de melon et de fleurs de pommier en font le complice des kirs et des cocktails.

Sec et léger, ce cidre tranquille aux notes de pomme, de pêche et de melon miel remplace aisément le vin blanc. Servir avec des sushis, des moules, un tartare, des brochettes méditerranéennes ou des viandes blanches.

Ce cidre mousseux désalcoolisé est le seul du genre au Québec ! Grâce à sa très faible teneur en alcool, à son bouquet de pomme fraîche et de miel, ainsi qu’à son effervescence naturelle, il est le compagnon parfait des desserts, telles les meringues, la tarte aux fruits et les mousselines.

Ce cidre effervescent aux arômes de pomme, de fleurs blanches et de poire se savoure par un bel après-midi, en excursion ou en pique-nique. Léger et rafraîchissant, il s’accorde avec les huîtres, les salades estivales, les croquettes de poisson et les grillades.

Avec sa robe rosée et ses fines bulles, ce cidre pétillant aux arômes de pomme et de petits fruits présente une délicate amertume. Idéal à l’apéro, il accompagne le saumon fumé, les fromages et les charcuteries.

Partez sur la route avec les coups de coeur de Audrenne Demoy.

Photos: Cidrerie du Minot