Immortalité, force et gaieté, tonus et désir… À travers le temps, on a prêté mille vertus à l’hydromel. Fait avec de l’eau, du miel et des levures de fermentation, il suscite souvent l’étonnement. Mais pas celui d’Éléonore Macle, qui a grandi parmi les abeilles, dans la ferme apicole de ses parents Christian et Viviane.

Fondée en 1976 dans la région de Saint-Benoît (Mirabel), Intermiel est l’un des plus importants producteurs d’hydromel en Amérique du Nord. Aujourd’hui vice-présidente de l’entreprise familiale, Éléonore s’occupe de la mise en marché d’une gamme de neuf produits qu’elle s’échine à faire connaître aux quatre coins du Québec.

À l’étranger, ses nectars se passent pourtant de présentation. En Europe, la tradition est implantée depuis des lustres. Aux États-Unis, l’hydromel se boit comme une bière et les hydromeliers sont aussi nombreux que les brasseurs. Les boissons d’Intermiel y ont d’ailleurs remporté à maintes reprises la Mazer Cup International, la plus grande compétition commerciale d’hydromel au monde. Au Japon, le marché leur tend les bras.

Ici, l’hydromel séduit de plus en plus, mais il y a encore de l’éducation à faire. «Les gens ont la perception que l’hydromel est un alcool sucré. Or d’autres alcools plus connus contiennent un taux de sucre résiduel beaucoup plus élevé», observe Éléonore.

ruche d'abeillesruche d'abeilles

Nectar à découvrir!

Demi-sec, doux ou aromatisé, avec un taux d’alcool oscillant entre 9% et 16%, l’hydromel tire ses arômes, sa robe, ses saveurs et ses textures des miels qui le composent. Comme le vigneron qui assemble différents cépages, l’hydromelier dispose d’une variété de miels dont les qualités dépendent des fleurs butinées par les abeilles – bleuet, trèfle, pommier, sarrasin, framboisier. L’ajout de fruits (canneberges, pommes…) vient rehausser le goût.

Intermiel peut se targuer d’utiliser des miels certifiés 100% Québec. La récolte provient de ses 9500 ruches disséminées à travers les champs de la province — Laurentides, Outaouais, Pontiac, Laval, Lanaudière, Saguenay-Lac-Saint-Jean. À la fin de l’été, toutes les ruches sont rapatriées à la maison mère de Mirabel. C’est Cyril Lapeyrie, mari d’Éléonore, qui s’occupe du cheptel des ruches en terres éloignées. Pour la petite histoire, les deux tourtereaux se sont rencontrés dans l’entreprise, avant de partir en lune de miel. «Nos parents se connaissaient depuis longtemps. Mes beaux-parents, chocolatiers, ont même créé une ganache au miel», sourit Éléonore.

Pour démystifier la production, sa mère, Viviane, autrefois enseignante dans sa Picardie natale, a développé tout un volet agrotouristique avec ateliers, visites guidées et dégustations à la clé. Les enfants trouvent leur bonheur dans un programme éducatif concocté spécialement pour eux, ainsi qu’à la miniferme et dans l’aire de jeu. On peut facilement y passer la journée, puis faire bombance à la boutique qui regorge de produits faits sur place — hydromels, cidres, alcools d’érable, eaux-de-vie, produits gourmands et même cosmétiques.

«L’hydromel suscite de plus en plus d’intérêt, notamment auprès des nouvelles générations mordues de produits locaux, se réjouit Éléonore. Mon rêve, c’est qu’un jour l’hydromel soit un choix naturel pour le consommateur, tout comme le cidre, la bière ou le vin.» Envie d’oser ? Une belle découverte à boire!

bouteille rosé et hydromelbouteille rosé et hydromel

Accords hydromels-mets

Le rosée: produit chouchou de Christian Macle. Un clin d’œil aux rosiers de son enfance. Romantique sans être cliché, il se distingue par ses arômes de parfum de rose, de canneberge et de miel. Bon en apéro avec des sushis, un chocolat noir ou une pâte d’amande. Pour un effet wow, remplacer les glaçons par des canneberges congelées.

Le médiéval: produit dont Éléonore est la plus fière. «C’est mon troisième bébé, après mes enfants!» Inspiré d’une recette ancestrale, ce digestif à base de miel de sarrasin, vieilli en fût de chêne, dégage des arômes de fruits secs, d’abricot et de fleurs. Un dessert en soi, délicieux aussi avec du foie gras, du fromage et des noix. Bon à savoir: une fois ouverte, la bouteille se conserve durant neuf mois.

Le chouchen’n: c’est le nom breton de l’hydromel. Son goût de pomme mûre rappelle un peu le cidre – une bonne façon de s’initier à l’hydromel. Servi à l’apéro, il se marie aussi avec les fromages forts et les desserts.

Consultez les bonnes adresses d'Éléonore Macle

 

Photo d’en-tête: Éric Labonté