Depuis sa création, la SAQ est à l’écoute des passions des Québécois!

Dans la succursale beige de la Place Repentigny, on peut entendre Foule sentimentale, le dernier succès d’Alain Souchon qui joue alors sur les ondes de Cité Rock Détente. On est en 1993. Ma mère m’a confié une mission : trouver un vin à offrir à papa pour Noël. J’ai carte blanche.

À l’époque, le conseiller en vin le plus hot s’appelle Michel Primeau. Et il connaît bien les goûts de mon père. «L’année 1990, à Pauillac, c’est encore meilleur que 1989. On vient de recevoir de petites quantités. Ne manque pas ça!» Je suis reparti avec un Château Latour. J’avais 18 ans. Un peu nerveux, j’ai demandé au caissier, qui tapait le code‑barre de la bouteille sur la caisse enregistreuse géante, de mettre non seulement la bouteille dans l’habituel sac de papier brun (qui servait pour nos dégustations à l’aveugle), mais de la glisser en plus dans le grand sac de plastique blanc flanqué du logo bourgogne de la SAQ.

Au moment où vous lisez ces lignes, la bouteille de Latour repose toujours au frais dans la cave familiale et Michel a pris une retraite bien méritée. Or, vous savez quoi? En 2021, année du centenaire de la SAQ, le conseiller en vin le plus hot en ville s’appelle toujours Michel. Michel Beauchamp, celui-là. Et il officie à la SAQ Beaubien de Montréal, une succursale qui peut se targuer d’avoir un des plus beaux stocks au Québec. Est-ce que la barbe de hipster de Michel Beauchamp est aussi longue que la queue de cheval de Michel Primeau dans le temps? L’histoire ne le dit pas. En revanche, une chose est certaine : ces deux conseillers sont pour moi l’incarnation de la passion du vin à la SAQ. Le visage humain de notre société d’État qui a su justement rester à l’écoute des passions des Québécois depuis 100 ans.

Acheter local

Quand je repense à mes premières dégustations de vins québécois, n’ayons pas peur des mots, c’était vraiment ordinaire! Aujourd’hui, la qualité des vins du Québec n’a rien à envier à celle qu’on trouve dans le reste du monde viticole. La production s’est non seulement élargie, elle s’est aussi diversifiée. Les vins, du moins les meilleurs (et il y en a de plus en plus), se distinguent par leur singularité. Convaincue du potentiel des vins d’ici, la SAQ a rapidement mis les vins québécois en vitrine, mais aussi les cidres et les spiritueux du Québec. Ces derniers ont d’ailleurs connu une petite révolution au cours des dernières années, avec une offre qui n’a jamais été aussi grande et variée.

Les Québécois sont devenus de plus en plus sensibles aux enjeux liés à l’achat local. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, acheter des produits d’ici n’a jamais été aussi populaire et pertinent. Après avoir créé le logo «Origine Québec», la SAQ a ajouté dernièrement deux nouvelles identifications distinctives pour les produits québécois : «Préparé au Québec» et «Embouteillé au Québec.» Ces nouvelles spécificités permettent de mettre encore plus en valeur la grande famille des produits québécois.

Le jardinage a la cote

La société québécoise évolue sans cesse, et la SAQ suit le mouvement en restant à l’affût des tendances et des principaux enjeux. On jardine partout: sur les balcons, dans les platebandes, les ruelles. La société d’État s’est d’ailleurs associée au Laboratoire sur l’agriculture urbaine, à Montréal, dans le but de planter, dans le cadre du projet Vignes en ville, des dizaines de vignes sur les toits urbains et de produire le premier vin 100% montréalais. Ce projet permet également de revaloriser le verre qui, une fois finement broyé, est mélangé au terreau de plantation. Cette réutilisation du verre boucle ainsi le cycle d’économie circulaire de la bouteille de vin.

Vin nature

De l’avis de Michel Beauchamp, avec le bio et le vin orange, le vin nature est de loin la tendance la plus forte en ce moment à la SAQ. «C’est probablement ce que les clients me demandent le plus actuellement», nous confie le conseiller en vin. Pas pour rien que c’est le dernier‑né dans le répertoire de la SAQ. En effet, le vin naturel, ou «nature», est identifié sur les tablettes des succursales par une étiquette de couleur terre.

Vous vous demandez peut‑être ce qu’est un vin nature. On parle essentiellement d’un vin qui a été fait de la manière la plus naturelle possible. Les producteurs adhèrent habituellement à une philosophie «non interventionniste» dans le chai et respectent les règles d’une agriculture biologique dans des vignobles à petit rendement. Ils n’utilisent pas de levures industrielles et n’ajoutent pas de sucre au moût. Aucun procédé technique de vinification, comme la micro-oxygénation ou l’osmose inversée, n’est utilisé. Ils ne filtrent pas (ou peu) et limitent l’usage de sulfites à des doses qui sont de 10 à 40 fois inférieures à celles autorisées. Il en résulte des vins aux textures et aux goûts différents.

La mode du «vin nature» a pris naissance dans les bistrots parisiens à la fin des années 2000. Auparavant réservé à l’importation privée et à quelques restaurants, le vin nature a officiellement fait son entrée à la SAQ à l’été 2015. Seulement quelques succursales offraient une petite douzaine de références. Avec la multiplication des agences promotionnelles spécialisées dans le vin nature, puis la tenue à Montréal à partir de 2018 de Raw Wine, la plus vaste foire de vins nature en Amérique, la SAQ a finalement décidé de les mettre officiellement en lumière. Les amateurs peuvent aujourd’hui retrouver plus de 200 références dans le réseau de la SAQ.

Vin orange

Dans la foulée du vin nature, le vin orange a tranquillement, mais sûrement, gagné le cœur des amateurs à la recherche de nouvelles expériences. Du vin comment, demandez-vous? Orange. Vous avez bien lu. Il est issu d’une très ancienne technique de vinification qui consiste à faire du vin blanc comme si on faisait du vin rouge, c’est-à-dire en faisant macérer les peaux des raisins avec les jus. C’est ce qui donne notamment la teinte orangée-dorée au vin. Le résultat est, disons… déstabilisant. Au nez, d’abord, où on perçoit souvent un registre de fruits séchés et d’épices exotiques plutôt que de fruits frais. C’est aussi plus structuré en bouche, et la finale paraît plus amère, presque tannique, en raison, justement, de la macération avec les peaux.

C’est habituellement un vin de gastronomie plutôt que d’apéro. Il faut d’ailleurs le servir comme un jeune vin rouge, soit autour de 15-16 °C, afin de profiter au maximum de ses parfums et de sa texture. Après avoir vu le jour dans les années 1990 grâce au vigneron Stanko Radikon, dans le Frioul, au nord‑est de l’Italie, la vague du vin orange a rapidement déferlé jusqu’à nous. On trouve d’ailleurs plusieurs producteurs locaux qui en font d’excellents. La SAQ en propose aujourd’hui une impressionnante sélection (près d’une centaine!).

Vin en canette

Le recyclage s’est implanté depuis longtemps dans les habitudes des Québécois, qui sont de plus en plus soucieux de leur empreinte carbone. On comprend ainsi pourquoi le vin en canette suscite un tel intérêt. Pratique par son format, accessible par son prix et s’inscrivant dans la tendance «boire avec modération», il ne reste qu’à souhaiter qu’un plus grand nombre de vignerons emboîtent le pas dans l’espoir d’accéder à une plus grande offre à la SAQ.

Cocktails prêts à boire

C’est sans doute la toute dernière tendance à émerger. Pratiques, à faible teneur en alcool et offrant des saveurs variées, les cocktails prêts à boire n’ont jamais été aussi populaires. Sans parler de la vaste sélection produite ici, au Québec. Que ce soit à l’apéro, en pique-nique, autour du feu ou en cuisinant, on peut les apprécier directement à même la canette ou encore, dans un verre avec quelques glaçons pour un maximum de fraîcheur.

Manger mieux, boire mieux

La SAQ n’est pas seulement à l’écoute des tendances en matière de vin. Elle tente toujours d’aller plus loin et de s’adapter aux priorités des Québécois. Sur le plancher de la succursale Beaubien, à Montréal, le conseiller en vin Michel Beauchamp est bien placé pour en témoigner : «Les goûts de la clientèle ont changé; ils ont évolué, ils se sont précisés. Les gens sont beaucoup plus ouverts à la découverte qu’auparavant. Ils s’informent, voyagent. Les Québécois veulent des vins secs. Ils scrutent les taux de sucre à la loupe. La buvabilité et la digestibilité ont la cote.»

En effet, les goûts des Québécois ont éclaté autant que leur mode de vie s’est diversifié. Ils n’ont jamais été aussi bien informés et recherchent des produits de niche qui correspondent à leurs habitudes. On n’a qu’à penser à notre alimentation. Il y a 30 ans, on mangeait à peu près tous la même chose. Aujourd’hui, il y a les végétariens, les véganes, les bios, les cétos, les paléos, les sans gluten, ceux qui font attention au sucre, etc. Plusieurs de ces tendances ont influencé les producteurs et vignerons, qui proposent maintenant des vins biologiques, biodynamiques, véganes, avec moins de sucre résiduel ou moins d’alcool. La SAQ prend d’ailleurs soin d’indiquer le degré d’alcool, le taux de sucre résiduel, et si le vin est certifié biologique.

Boire moins, boire mieux

Bien que la génération Y a l’âge légal de consommer de l’alcool, la mode est à la sobriété et aux vins avec une faible teneur en alcool. Soucieuse de répondre à l’appel de ces «millénariaux», la SAQ a multiplié le choix de vins à faible taux d’alcool, sans oublier la mise en valeur des mocktails, ces cocktails sans alcool, qui sont mis en vitrine sur son site Web.

Projets d’avenir

Les achats en ligne n’ont jamais été aussi populaires auprès des Québécois. La pandémie a bien sûr accéléré cette tendance. Dans le cadre de son plan stratégique 2021-2023, la SAQ a pour objectif de rendre l’ensemble de ses produits disponibles en ligne tout en réduisant le temps de livraison.

Photos: Archives SAQ (couverture et jardinage); Valeria Bismar (vin orange).