En comparaison du sucré, du salé et de l’acide, l’amer domine rarement le palmarès des saveurs. Pourtant, comme le prouvent bien des boissons italiennes, l’amertume peut leur donner bien de l’énergie et une fraîcheur surprenante (un café, avec ça?).

Qu’est-ce qui rend l’Aperol spritz si agréable et si apprécié? En grande partie, ce sont les éléments amers de l’Aperol, une liqueur d’un orangé éclatant originaire du nord de l’Italie et qui a récemment célébré ses 100 ans.

Créé en 1919 par Luigi et Silvio Barberi, juste après que les deux frères eurent repris la compagnie familiale dirigée jusqu’alors par leur père, l’Aperol a emprunté la voie rapide du succès planétaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand le fameux spritz a commencé à sortir de ses terres vénitiennes pour acquérir une réputation internationale. Au cours des deux dernières décennies, le cocktail est devenu un ingrédient essentiel des plaisirs d’été, à peu près partout où il fait assez chaud pour sauter dans une piscine.

Aperol spritz

À la maison, la recette simple consiste à remplir un verre de glaçons, à y ajouter 60 ml (2 oz) de prosecco, 60 ml (2 oz) d’Aperol, d’arroser le mélange d’environ 30 ml (1 oz) de soda, puis de garnir le tout d’une belle tranche d’orange. Un rafraîchissement parfait, avec une bonne dose de caractère.

De l’orangé au rouge

Si vous voulez monter un peu plus dans l’échelle des amers, le Campari sera certainement l’apéro qu’il vous faut. Dans le simplissime Campari soda, d’un rouge brillant, il révèle des arômes vivifiants. Créé en 1860 par Gaspare Campari, dans la ville italienne de Novara, il constitue également un ingrédient essentiel d’un cocktail classique, figurant parmi les plus connus de la planète: le negroni, composé à parts égales de gin, de vermouth rouge et de Campari. S’il existe de nombreuses variations sur le thème, qui mettent à profit différents spiritueux et liqueurs amères (comme le boulevardier, qui contient du bourbon au lieu du gin), un negroni doit absolument utiliser du Campari pour être digne de porter le nom de negroni.

Chaque année, le populaire amer a même droit à sa fête mondiale: la Negroni Week (du 14 au 20 septembre cette année), durant laquelle environ 12 000 bars et restaurants servent le negroni classique ou réinventé, tout en soutenant de bonnes causes. Depuis sa création, en 2013, l’événement a permis de recueillir plus de trois millions de dollars, de l’Afrique à l’Alaska.

Avant et après

Il existe différentes catégories dans la grande famille des boissons amères, laquelle comprend également les vermouths. Comme le vermouth, l’Aperol et le Campari sont généralement associés à l’apéritif – d’où leur qualificatif d’aperitivo. Toutefois, on trouve aussi une très vaste gamme de liqueurs amères et herbacées, reconnues pour leurs qualités digestives et montrant souvent des tonalités plus sombres et des saveurs plus profondes. On parle alors d’amaros, chacun étant le résultat d’une recette distincte dont le secret est précieusement gardé par ses producteurs, qu’on retrouve partout en Italie (et au-delà).

Les ingrédients peuvent varier considérablement. Le Cynar, un amaro intense du nord de l’Italie, est produit à partir de… l’artichaut! Pendant ce temps, l’Averna sicilien, adapté dans les années 1860 par la famille Averna, à partir d’une recette apparemment créée par des moines bénédictins, provient plutôt des agrumes, des herbes et des épices et montre des arômes de citron, de caramel et de romarin ou de sauge, avec des soupçons de grenade.

L’Averna est délicieux en solo, servi sur glace avec une tranche d’orange, un peu de soda et peut-être un brin de romarin pour décorer. Comme les autres amaros foncés, il peut aussi contribuer à d’excellents cocktails, en particulier quand on le combine avec les whiskys et des ingrédients comme les agrumes ou les bitters – ou même du café infusé à froid. Quand on commence à s’amuser avec ces liqueurs, on découvre rapidement que l’amer est tout ce qu’il y a de plus rafraîchissant.

Photo en-tête: Campari