Il faut compter une quarantaine de minutes depuis Montréal pour rejoindre Rougemont au cœur de la Montérégie. Véritable « garde-manger » du Québec, cette région s’impose comme le plus important territoire agricole de la province avec le quart des terres cultivées. Sa longue saison végétative, la grande fertilité de ses sols et la fréquence de ses précipitations distinguent depuis toujours sa production maraîchère et animale, mais offrent également un terrain de jeu idéal aux cidriculteurs et viticulteurs.

Vignes à la plage

À l’image de ses consœurs les Montérégiennes, un groupe de 10 collines formées il y a 90 à 125 millions d’années, le Mont Rougemont contient sur ses flancs et pourtours des dépôts de sable et graviers laissés par les anciennes plages de la mer de Champlain. C’est là, sur ce terroir aux pentes douces et bien drainées, que prennent racines les cépages hybrides et internationaux.

Plus jeune qu’ailleurs au Québec, la viticulture rougemontoise compte à l’heure actuelle 3 propriétés. Coteau Rougemont est de loin la plus imposante, suivie des domaines De Lavoie et Cartier Potelle. La qualité des installations et la beauté des lieux invitent à la pause, à se perdre dans le paysage un verre de vin à la main. Une dégustation sur place permet non seulement d’orienter son choix à travers une diversité impressionnante de produits, mais également d’en apprendre davantage sur leur élaboration. Qu’il soit mousseux, tranquille, fortifié ou de glace, chaque vin est teinté d’une identité forte.

La Napa Valley de la pomme

Qui ne s’est pas désaltéré avec un jus de pomme Rougemont dans son enfance? Presque intemporelle, cette marque de la famille Lassonde a permis à bien des gens de situer cette ville battant au rythme du cœur de ses pommes.

Le passage à l’âge adulte s’est fait pour certains au Grand sec d'Orléans ou autre St-Antoine-Abbé, des cidres industriels qui représentaient à l’époque la seule alternative alcoolisée à la bière en épicerie. Les plus chanceux ont vu une industrie renaître de ses cendres grâce à la vision qualitative de pionniers tel Michel Jodoin, l’un des premiers à se voir octroyer un permis de production artisanale.

On décrit Rougemont comme la Napa Valley de la pomme. Reconnue dans l'industrie comme l’un des meilleurs climats en Amérique du Nord pour exploiter un verger, elle partage ses 500 000 pommiers parmi 35 producteurs dont 9 peuvent transformer le fruit en cidre.

La production est essentiellement obtenue à partir de pommes à croquer, les mêmes cueillies l’automne venu. Les cidres qui en résultent sont extrêmement maîtrisés et leur équilibre est irréprochable. En revanche, une nouvelle génération de producteurs tente une approche différente, plus traditionnelle. Des cidres travaillés avec des variétés de pommes anciennes ou sauvages, des fermentations spontanées à l’image de la bière, l’utilisation de levures sauvages, un élevage en fût de chêne. Bref, des cidres uniques, plus fermiers, aux saveurs riches et complexes.

Difficile de statuer sur ce qui charme le plus dans cette localité. On y retourne pour ses paysages, se délecter de ses produits locaux ou pour ses gens attentionnés et créatifs? On y retourne, car elle offre bien plus que de la pomme.