Du 9 au 15 août aura lieu le festival Fierté Montréal sous le thème « Ensemble pour toustes ». En formule hybride, cet événement rassembleur propose 7 journées de festivités, dont 4 grands spectacles préenregistrés et 5 sets de DJ virtuels dans des lieux iconiques. Le festival mise également sur la santé et le bien-être de la communauté LGBTQ2S+ avec la présentation de capsules sur la santé mentale ainsi que des heures BIPOC, des conférences et discussions adaptées en fonction des réalités vécues par les personnes noires, asiatiques, bispirituelles, latinx et arabes. La fameuse Marche de la Fierté aura lieu quant à elle le 15 août prochain. La SAQ est heureuse de renouveler son partenariat avec le festival pour une 3e année consécutive.

Afin de souligner cet événement, nous sommes allés à la rencontre de 4 personnalités marquantes de la communauté LGBTQ2S+ et nous leur avons demandé en quoi le nightlife montréalais a joué un rôle majeur dans l’émancipation de leurs pairs et au passage, de nous partager un souvenir marquant !


« Côtoyant des gens très proches de moi faisant partie de la communauté LGBTQ2S+, je suis fière que la SAQ véhicule les mêmes valeurs d’ouverture et d’acceptation que celles prônées par le festival Fierté Montréal. Il est d’autant plus important pour une institution telle que la nôtre de sensibiliser ses employés à l’inclusion et à la diversité de genres, et d’ouvrir le dialogue avec eux en mettant sur pied différentes initiatives comme un comité sur la diversité, ainsi qu’en s’impliquant activement auprès d’événements qui s’adressent directement à la communauté LGBTQ2S+ comme le festival Fierté Montréal. J’ai personnellement à cœur le bonheur de ceux qui m’entourent et je souhaite cette même ouverture dans leur entourage et dans la société. »

– Catherine Dagenais, présidente et chef de la direction


Armand « Monroe » Larrivée : une légende vivante

Armand « Monroe » (à droite) à la première marche de la Fierté à Montréal en 1979. Source: archives personnelles d’Armand Monroe

Légende vivante de la scène gaie et drag montréalaise, Armand Larrivée, mieux connu sous son nom de scène « La Monroe », vivait ouvertement son homosexualité dès les années 1950, alors qu’il était encore illégal de s’afficher en public avec un autre homme. En 1958, alors qu’il fêtait ses 23 ans au bar où il travaillait, le Tropical Room, son patron lui donna la permission de laisser les hommes danser ensemble, même si c’était interdit par la loi. Un moment historique!

« Si je recule jusqu’en 1958, il n’y avait que deux bars gais à Montréal et c’était, à cette époque, illégal. À ce moment-là, l’un des patrons du Tropical Room m’avait demandé de préparer et d’animer des spectacles qui s’adressent aux gais seulement. On organisait donc des soirées cinéma, des spectacles de variétés et de la danse les vendredis et samedis soir. Mais savez-vous quoi? Les gais avaient le droit de danser, mais… pas des slows! Pas de danse collé-collé. C’était une autre époque ! La première fois que j’ai annoncé ça au micro, les 300 personnes présentes étaient en feu. À ma connaissance, c’était la première fois au Canada et au Québec qu’un endroit avec une licence de cabaret permettait à des hommes de danser ensemble, alors que c’était illégal. Ce sont les balbutiements qui permettront aux gais de pouvoir se rencontrer et festoyer entre eux. À ce moment, je ne savais pas que ce que je faisais pouvait avoir une aussi grande importance dans l’émancipation de la communauté LGBTQ2+. Je le réalise aujourd’hui à 85 ans! 

Après avoir fait danser les hommes ensemble pendant 10 ans avant que ce soit légal, j’ai travaillé comme gérant dans un club où je n’avais embauché que du personnel gai pour servir aux tables. Je les avais tous habillés avec de belles chemises blanches et un nœud papillon noir. On faisait les choses bien et on remplissait la salle: 350 personnes chaque soir et c’était plein à craquer! Je me souviens d’un certain soir où j’étais monté sur quelques marches. J’ai regardé tout autour de moi et j’ai réalisé à ce moment que j’avais accompli ce que j’avais toujours rêvé de faire. »

« À ce moment, je ne savais pas que ce que je faisais pouvait avoir une aussi grande importance dans l’émancipation de la communauté LGBTQ2+. »

– Armand « Monroe » Larrivée

Yvon Jussaume : pionnier du Village

Source: archives personnelles de M. Jussaume.

Pionnier du Village, Yvon Jussaume a été propriétaire de plusieurs établissements, dont La boîte en haut et L’un et l’autre, et fut l’un des premiers membres de la Chambre de commerce LGBT du Québec, qui lui a remis un prix en 2019 pour sa contribution au développement du Village. Après 50 ans de carrière, il prend sa retraite en 2020.

« Le nightlife montréalais a joué un rôle de premier plan pour la communauté LGBTQ2S+. Ça aura permis à ses membres de se rencontrer et de développer des amitiés, des relations intimes et même amoureuses. De pouvoir nous côtoyer nous a permis de nous soutenir entre nous, de nous divertir, de favoriser le militantisme et aussi, de donner du travail aux membres de la communauté. Je crois que ça a grandement contribué à changer les mœurs au Québec, même s’il y a encore du travail à faire. 

Un événement marquant a sans aucun doute été la création de la Chambre de commerce LGBT du Québec en 1997, la deuxième plus ancienne et la plus grande chambre de commerce LGBT au Canada. Je veux également souligner la fondation, en 2006, de la Société de développement commercial du Village, qui regroupe les commerçants et les professionnels du Village et propose aujourd’hui de multiples activités pour animer le quartier. Au niveau plus personnel, je me rappellerai toujours quand Armand Monroe m’avait demandé de danser au Tropical. J’étais tellement gêné! C’était le début d’une belle époque! »

« Je crois que ça a grandement contribué à changer les mœurs au Québec, même s’il y a encore du travail à faire. »

– Yvon Jussaume

DJ Frigid : faire tomber les préjugés

Figure emblématique de la scène queer depuis la fin des années 1990, Joffrey Dumas, alias DJ Frigid, a fait découvrir l’électro-clash à de nombreux Montréalais avec ses soirées Overdose au Club Parking, où straights et queers se mélangeaient allègrement sur le plancher de danse, avant de déménager ses platines au Unity II pour les soirées Kink!, puis au Belmont pour Beatbox. Également musicien, Frigid a plusieurs albums à son actif. 

« Les soirées dans les bars et le nightlife ont été assez importants dans les années 1990 et 2000, principalement avant l’avènement et la popularité des téléphones cellulaires et des applications de rencontre. Les bars étaient le seul endroit pour rencontrer, avant ça, des gens de tous les horizons et toutes les orientations. Depuis que la société s’ouvre davantage, la communauté LGBTQ2S+ peut rencontrer pas mal partout maintenant. 

Les soirées Overdose que j’organisais tous les jeudis soir attiraient de 800 à 1 000 personnes chaque semaine. C’était complètement fou! Et ce que j’aimais de ces soirées, c’était le croisement de tous les genres, les straights, les gais, les queers, les gens dans la cinquantaine et les jeunes de 18 ans. Le public était très hétéroclite. Je me souviens d’un soir où il y avait une femme voilée sur la piste de danse et des gens en fauteuil roulant. À ce moment, j’ai réalisé que ces soirées contribuaient de façon significative à faire tomber les préjugés et à ouvrir des portes. De toute ma vie, comme animateur ou participant, jamais je n’avais assisté à des soirées comme celles-là. »

DJ Frigid et son hôtesse, Divine, lors d'une soirée Overdose au Club Parking. Source: archives personnelles de Joffrey Dumas.

« À ce moment, j’ai réalisé que ces soirées contribuaient de façon significative à faire tomber les préjugés et à ouvrir des portes.  »

– Joffrey Dumas

Kama La Mackerel : mélange des genres

Crédit: Kama La Mackerel 

Kama La Mackerel est à l’origine de GENDER B(L)ENDER, un événement micro ouvert récurrent qui offre un safe space aux artistes trans, queers et non binaires. Artiste multidisciplinaire, éducateur(-trice), auteur(-trice) et médiateur(-trice), Kama a jeté les bases de la scène de la performance queer montréalaise en présentant, sur une période de cinq ans, au-delà de 650 performances de plus de 300 artistes et collectifs de Montréal et d’ailleurs.

« Les soirées et le nightlife montréalais ont certainement contribué à créer un safe space pour la communauté LGBTQ2S+. Un événement comme GENDER B(L)ENDER, c’est magique parce que ça permet l’affirmation du corps, du soi. Dans ces espaces, toutes les personnes, qu’importe comment elles s’identifient, peuvent s’exprimer et être elles-mêmes. On ne retrouve aucun autre endroit, pas même dans le milieu artistique, où le public peut être témoin de moments aussi forts que ceux-là.

Je pourrais vous raconter une tonne d’anecdotes! Les moments forts que j’ai vécus, c’est vraiment lors du cabaret mensuel que j’animais à GENDER B(L)ENDER. Ce qui me touchait le plus, chaque fois, c’était de voir, dans une même soirée, un jeune trans s’avancer sur la scène et s’exprimer grâce à son art, en lisant un poème par exemple. Et tout juste après, une femme trans d’une soixantaine d’années monter à son tour sur scène pour jouer de la guitare et chanter. Cet espace générationnel m’émeut particulièrement, qu’on arrive à créer des moments comme ceux-là. On a eu droit à des prestations de burlesque complètement folles, et à des numéros mémorables au fil des années. Il y a même des couples qui se sont formés au GENDER B(L)ENDER et qui sont mariés aujourd’hui! »

« Dans ces espaces, toutes les personnes, qu’importe comment elles s’identifient, peuvent s’exprimer et être elles-mêmes.  »

– Kama La Mackerel


Que ce soit lors de soirées festives, d’événements culturels majeurs ou de rencontres marquantes, de nombreuses personnalités ont contribué à l’émancipation de la communauté LGBTQ2S+ et à l’évolution des mœurs au Québec. Plusieurs figures influentes continuent d’ouvrir la voie à la nouvelle génération en créant des safe space où s’entremêlent art, plaisir et musique. On n’a qu’à penser au Lez Spread The World de Florence Gagnon, aux DJ sets de DJ Mini, connue partout dans le monde, ou encore aux événements Sexe Garage au festival Divers/Cité de Plastik Patrik. La SAQ salue les initiatives de Fierté Montréal en matière d’éducation et d’inclusion afin d’offrir aux différentes communautés un avenir plus inclusif.

La SAQ est fière d’être partenaire du festival Fierté Montréal qui aura lieu du 9 au 15 août 2021.
Pour découvrir la programmation complète, rendez-vous au fiertemtl.com.

* Un merci tout spécial à Mme Sylvie Bouchard, gérante et nièce de M. Monroe pour la photo et la mise en relation.