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Un cocktail avec Kate Boushel

Rencontres

Un cocktail avec Kate Boushel

Dans le monde des cocktails, le nom de Kate Boushel est bien connu. On pourrait même dire que c’est une référence en matière de mixologie et d’hospitalité– au Québec comme à l’étranger. Un verre avec une femme dont le talent n’a d’égal que sa détermination à faire bouger les choses.

Publié le 5 mars 2025

Lorsqu’elle a reçu le prix Altos Bartenders’ Bartender Award, décerné par North America’s 50 Best Bars en 2024, Kate a été qualifiée de « matriarche de Montréal », un titre qui colle bien à la femme accueillante au rire contagieux incomparable. La même année, elle a obtenu le titre de Bartender de l’année de Canada’s 100 Best Restaurants et s’est classée au 21e rang du palmarès des personnalités les plus influentes de l’industrie selon The Bar World 100.

Depuis 2018, Kate est la directrice des boissons et de l’éducation du groupe Barroco, qui compte une demi-douzaine d’établissements à Montréal, dont les bars Atwater Cocktail Club et Milky Way, deux abonnés des classements des meilleurs bars au pays. En plus de former la relève au sein du groupe, elle parcourt la planète pour dispenser son savoir-faire, tantôt lors d’événements éphémères dans les meilleurs bars de Mexico, Singapour ou Londres, tantôt comme mentore pour Tales of the Cocktail, l’un des plus importants festivals de mixologie au monde, qui se tient chaque année à La Nouvelle-Orléans. Ce 8 mars, elle sera d’ailleurs à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour participer à une conférence sur le rôle des femmes dans l’industrie à l’occasion du Ajabu Cocktail & Spirits Festival.

On l’a rencontrée entre deux voyages au restaurant Foiegwa, dans le quartier Saint-Henri, pour jaser de son parcours et de l’évolution des métiers de l’hospitalité.

 

Comment te décrirais-tu en un cocktail?

Je me décrirais comme un spanish fizz. C’est super simple : c’est du vin fortifié avec du vin mousseux, traditionnellement un vermouth espagnol avec un cava, servi avec une tranche d’orange et une olive. Je pense que ça me représente bien parce que c’est un cocktail qui est très simple dans sa préparation et sa présentation, mais qui peut être extrêmement complexe en matière de saveurs, selon le vermouth qu’on choisit d’utiliser. Puis, il y a le côté effervescent du vin mousseux. Je suis une personne très bubbly et qui rit beaucoup!

Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton métier?

En anglais, on utilise le terme hospitality pour décrire notre industrie. Je trouve ça triste qu’on n’ait pas un terme aussi précis en français, on dit tout le temps « les bars et les restaurants ». Notre travail, c’est d’accueillir les gens dans notre maison, notre bar, notre restaurant, peu importe l’espace, et on veut créer un univers plaisant pour qu’on passe une bonne soirée ensemble.

Comment le métier de barmaid et barman a-t-il évolué au fil de ta carrière?

Je me souviens, quand j’ai commencé à travailler dans les bars en 2001, on ne parlait pas encore de gastronomie québécoise, du moins pas comme aujourd’hui. On avait de bons restaurants, mais c’était soit du gros luxe, soit des endroits très accessibles. Aujourd’hui, on a un super bel éventail tant au niveau des restaurants que des bars. Dans les quinze dernières années, nos habitudes de consommation au niveau des spiritueux et des vins ont aussi beaucoup évolué.

Est-ce que le rôle des femmes dans l’industrie a changé lui aussi?

Je pense que la grande différence aujourd’hui est qu’on a un plus grand accès à des rôles de gestion et de propriétaire.

On oublie souvent que les femmes n’avaient pas le droit de signer un titre de propriété avant les années 1960 et qu’elles n’ont eu le droit de fréquenter les tavernes qu’à partir de 1981.

De plus en plus de femmes décident aujourd’hui de faire carrière dans notre industrie et ne voient plus le métier de barmaid comme un accès temporaire à un revenu pendant qu’elles étudient ou tentent de faire autre chose de leur vie.

Qu’est-ce que tu aimerais ne plus voir ou entendre par rapport aux femmes dans ton métier?

Le doute par rapport à nos connaissances. Je ne parle pas de nos compétences en matière de mixologie, mais plutôt en matière de gestion. On a une plus grande tendance à écouter nos instincts.

Ça ne veut pas dire qu’on puise dans un univers éphémère ; nos instincts sont basés sur l’historique de nos connaissances et notre compréhension des relations humaines. Dans une industrie basée sur les relations interpersonnelles, c’est vraiment important.

Aussi, je suis tannée qu’on se demande si tel cocktail est plus pour les femmes et pour les hommes. Ça vient clairement de notre éducation sociale. Je pense que les femmes ont un peu moins cette barrière psychologique. On n’a pas peur de commander des cocktails plus forts, comme un Martini ou un old fashioned, ou des trucs over the top comme un cocktail tropical. J’ai l’impression que ça évolue un petit peu, mais j’ai hâte de voir les hommes aussi emboîter le pas.

Est-ce qu’il y a des femmes qui ont pavé la voie pour toi dans ta carrière?

Énormément! Il y a définitivement plusieurs personnes qui m’ont inspirée et qui m’ont tendu la main pendant mon cheminement. Je pense à Mélanie Aumais, la copropriétaire de Fin Soda, qui est une grande amie et qui m’a ouvert la porte quand j’ai voulu revenir dans le métier il y a quinze ans. Je pense aussi à Valérie Chagnon, qui m’a tellement appris quand je travaillais au Mal Nécessaire, ou encore à Christina Vera, à Toronto. J’ai l’impression qu’on a fait notre chemin ensemble et qu’on apprend toujours continuellement l’une de l’autre. 

J’ai été grandement inspirée aussi par Julie Reiner du Clover Club et du Leyenda, à New York, qui nous a montré que tout était possible. Je pense que les 20 dernières années ont été les plus marquantes à ce niveau-là pour notre industrie globalement.

Et toi, comment paves-tu la voie pour les prochaines?

J’ose espérer que c’est en offrant le même type d’aide et de conseils. On ne m’a jamais rien donné directement, mais j’ai appris à reconnaître l’ouverture chez les autres et leur demander de l’aide ou simplement une oreille lorsque je devais prendre des décisions importantes. J’essaie d’être disponible de la même manière pour les autres.

On a une super belle relève présentement. Autant de personnes qui sont déjà bien installées que des personnalités montantes, à Montréal et partout à travers le Québec. À Québec, par exemple, on a Julie Lacasse du Cendrillon et Noémie Ducharme, qui est copropriétaire de jjacques, Chez Tao et Julio Taqueria et qui participe à plein de belles initiatives pour les femmes [NDLR : Noémie est notamment derrière l’initiative La tablé(e) au féminin, un collectif réunissant les femmes des métiers de la table]. Je pense à Marie Roberge du Cloakroom, une super belle personnalité montante qui se positionne très bien à l’international, ou à Sabrina Touzel, chez Foxy.

Dans nos établissements, il y a Jess Long, qui a un palais incroyable, de la créativité et beaucoup de cran. C’est vraiment beau de la voir aller. Même chose avec Alexa Jacob, qui travaille derrière le bar au Atwater Cocktail Club et qui est l’une des personnalités les plus effervescentes que j’ai vues de ma vie.

On est quand même plusieurs à accompagner tout le monde dans notre groupe. Tout le monde est vraiment ouvert. On travaille avec les personnalités des gens et l’on essaie d’aller chercher leurs spécificités et voir ce qu’eux peuvent apporter à l’industrie, plutôt que d’essayer de créer des copies conformes.

Qui est la femme qui t’inspire le plus dans la vie?

Évidemment j’ai toujours été grandement inspirée par ma mère et mes sœurs. Je n’ai jamais manqué de femmes fortes autour de moi. Ma mère était la première femme négociatrice sur le marché monétaire au Canada, et mes sœurs ont aussi toutes les deux forgé une carrière dans leur domaine. J’ai été immensément soutenue par ma famille dans toutes mes grandes décisions de carrière.

J’ai aussi été grandement inspirée par Monica Berg, que j’ai eu le plaisir de rencontrer à Londres et à Berlin et que j’ai appris à connaître un peu. C’est une femme forte, osée, incroyablement créative, qui travaille toujours derrière le bar et s’offre à l’univers entier pour partager ses connaissances et pousser l’industrie plus loin. [NDLR : Monica Berg a reçu le prix Altos Bartenders’ Bartender Award de The World’s 50 Best Bars en 2015 et 2019, titre que Kate a également reçu en 2024].

Si tu pouvais prendre un verre avec elle, quel cocktail lui servirais-tu?

Un Martini ou quelque chose à base d’aquavit, parce qu’elle est d’origine norvégienne! 

À quoi lèves-tu ton verre en ce 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes?

Je lève mon verre à toutes celles qui sont venues avant moi, à toutes celles qui viendront après, mais surtout à toutes celles et ceux qui continuent de travailler si fort quotidiennement pour assurer les droits des femmes et des enfants à travers le monde. Qui continuent de militer pour l’égalité, l’équité, non seulement entre les sexes et les genres, mais à travers toutes les franges de la société.

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