Alors qu’il pliait les pyjamas de son fils de six mois, Joris a pris un moment pour répondre à mes questions sur le concours ASI Meilleur Sommelier des Amériques. À l'approche du concours, il oscille entre fébrilité et sérénité, fidèle à lui-même.
Je connais Joris depuis dix ans, depuis que nos chemins se sont croisés dans un café de Rosemont. À l’époque, j’organisais des séances de dégustation pour lui. Cette année, je l’accompagnerai au concours du 17 au 20 février, pour le soutenir et couvrir l’événement sur les réseaux sociaux de la SAQ et de l’ACSP.
Si vous l’avez croisé au Club Chasse et Pêche, vous savez que son service est précis et élégant. Mais ce qui le distingue vraiment, c’est son humilité : il cherche sans cesse à approfondir ses connaissances, une qualité rare et précieuse dans le monde de la sommellerie.


Pourquoi participer à des concours de sommellerie?
« J’ai grandi dans un milieu compétitif et j’ai toujours eu ce désir de me surpasser, non pour gagner, mais pour repousser mes propres limites. Mon premier concours, en tant qu’étudiant à l’ITHQ m’a donné la piqûre. »
En quoi consiste le concours du Meilleur Sommelier des Amériques?
« C’est une première pour moi, donc il y a une part d’inconnu, mais la structure est similaire à la plupart des concours. On commence par un examen théorique couvrant un large éventail de sujets : vins, bières, sakés, cafés, histoire, agronomie, chimie, gastronomie, etc. C’est extrêmement vaste. Ensuite, il y a des dégustations à l’aveugle et des épreuves de service, où la rapidité et la précision sont essentielles. Les meilleurs scores permettent de passer en demi-finale, puis en finale. »
Une préparation rigoureuse
« La théorie est la partie la plus exigeante. Le monde du vin est en constante évolution, donc je dois toujours me tenir à jour. J’étudie chaque jour et m’entraîne à la dégustation de diverses manières, à l’écrit comme à l’oral, avec l’aide de collègues, de coachs et de la SAQ, où j’ai fait plusieurs entraînements. Pour le service, je peaufine mes gestes au restaurant et lors d’entraînements spécifiques, en recréant des conditions proches du concours avec des professionnels. »
« Au fond, c’est la somme de toutes nos expériences qui comptent. Dès que l’on commence à travailler et à s’intéresser à la sommellerie, on commence la construction de notre base de données théoriques, olfactives et gustatives. »
Comment se démarquer?
« On est jugés sur nos performances tout au long de la compétition, accumulant des points. Mais au-delà de la technique et des connaissances, l’authenticité est essentielle. Les candidats qui brillent en finale sont souvent ceux qui réussissent à gérer leur stress et à rester eux-mêmes malgré la pression. Mais il n’y a pas de secret : c’est le travail et l’expérience qui font la différence. »
Pourquoi le Québec excelle en sommellerie?
« Tout a commencé avec François Chartier, suivi de nombreux grands noms comme Alain Bélanger, Ghislain Caron, Élyse Lambert, et Véronique Rivest. Notre force vient de l’accès aux vins du monde entier grâce à la SAQ et aux agences. Nous avons une grande ouverture d’esprit et une clientèle exigeante qui nous pousse à en apprendre toujours plus. »
Ton épreuve préférée?
« J’adore l’adrénaline des épreuves de service, mais j’apprécie l’examen théorique. C’est un moment de concentration absolue, en tête-à-tête avec ses connaissances. »
Et pour célébrer?
« Si je gagne, ce sera avec du champagne! Mais en général, à la fin d’un concours, j’aime simplement savourer une bonne IPA. »
Prochaine étape : le Mondial au Portugal en 2026
Joris a encore un long parcours devant lui, mais une chose est sûre : il avance avec détermination, entre les biberons de son fils et les grands concours internationaux. Et moi, je serai là pour l’encourager, comme toujours. J’ai hâte de trinquer à ta victoire avec une délicieuse IPA… mais pour moi ce sera un verre de vin blanc.
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