Quand Jacqueline Cloutier a commencé à travailler à la SAQ comme caissière-vendeuse en 1978, elle ne se doutait pas qu’elle lançait une tradition familiale d’amateurs de grands vins, la sienne et celle de son fils Alain. Elle ne pouvait pas s’imaginer non plus, qu’elle serait une des premières femmes à devenir gestionnaire de succursale à la fin des années 1980. Nous leur avons parlé pour connaître leur histoire.

 

La place aux femmes en gestion

« À mes débuts, il y avait très peu de femmes dans l’entreprise, encore moins comme gestionnaire, raconte Jacqueline qui a maintenant 85 ans. Jocelyn Tremblay, aux commandes de la SAQ à l’époque, avait mis sur pied un comité pour promouvoir la carrière des femmes dans l’organisation. Ils m’ont demandé si je voulais y participer et j’ai sauté sur l’occasion! Ainsi, j’ai pu suivre une formation de trois ans en gestion et faire partie de la première cohorte de femmes gestionnaires. »

Tout en gravissant les échelons, elle se découvre une passion pour le vin et commence à bâtir sa propre cave chez elle. Cette dernière allait profondément influencer le cours de la vie de son fils. En 1981, c’est au tour d’Alain de commencer à travailler en succursale « pour dépanner », dit-elle avec le sourire puisqu’il n’a jamais quitté la SAQ jusqu’à sa retraite, mis à part un intermède de quatre ans chez Provigo. 

 

 

 

Une passion qui s'est transmise

Au contact avec le produit, autant en magasin qu'en famille, Alain a commencé à s'intéresser sérieusement au vin et à la dégustation. « Il a toujours eu un talent naturel pour déguster. Instinctivement, il regardait la couleur du vin, détectait les arômes et les saveurs sans même avoir eu de formation. Il me disait : « Maman, ça sent telle ou telle épice! » Il avait toujours raison! Mon mari et moi, on l’a encouragé à aller chercher une formation en sommellerie-conseil dans une école associée avec l’université du vin à Suze-La Rousse en France. On voulait qu’il puisse se développer et en faire un métier. En fin de compte, j’ai eu une belle carrière à la SAQ, mais mon fils est allé beaucoup plus loin dans sa passion pour les grands vins et j’en suis fière. »

La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre

Jacqueline a pris sa retraite de la SAQ en 1997, alors qu’Alain était directeur de la Maison des vins de Trois-Rivières. Il nous raconte comment il est devenu un expert-produit. 

«Tout a débuté avec ma mère. Quand elle a commencé à s’intéresser aux arrivages de la SAQ, ça a piqué ma curiosité. À table, on dégustait toujours de bons vins, c’était normal chez nous. Faut se remettre dans le contexte des années 1970 et 1980; la culture du vin et de la gastronomie n’était pas ce que c’est aujourd’hui. Beaucoup de gens buvaient du Dubonnet avec leur repas! Pas chez nous. Ma mère avait sa collection de bonnes bouteilles, elle faisait des voyages et lisait des livres sur la viticulture. Ensemble, on courait les Bordeaux Primeurs à la Maison des vins. Mon premier Sassicaia que j’ai bu dans ma vie, c’est avec elle! Et puis, on a fait des voyages viticoles ensemble en Europe; sa passion est devenue la mienne. Encore aujourd’hui, je fais de belles trouvailles en sa compagnie. C’est notre histoire à nous deux. »

Photo : Alain Cloutier, alors âgé de 26 ans, gagnant du tout premier concours « Connaisseurs de l'entreprise » en 1989.

Évoluer avec la SAQ


« J’ai eu la chance de travailler à la SAQ et d’être entouré de passionnés comme moi, mais pour devenir expert, il faut s’éduquer constamment et par soi-même, explique celui qui faisait importer des livres de partout dans le monde puisqu’il n’en trouvait pas au Québec dans les années 1990. Les clients sont aussi devenus de plus en plus connaisseurs et j’ai été à la bonne place au bon moment. En 2000, Il y a eu un virage à la SAQ pour répondre à l’intérêt grandissant des Québécois pour le vin et j’ai pu partager mon expertise avec les clients.  J’ai pu faire tellement de choses à la SAQ, toujours en lien avec ma passion pour le vin. Ma carrière a été extraordinaire! »

Avant de prendre sa retraite, Alain était directeur des services spécialisés à la SAQ, un service qui conseille des collectionneurs de produits rares et prestigieux. La suite?

«Je suis actuellement travailleur autonome. Présentement, j’aide l’entreprise Alfred, un système informatisé de gestion de cave à vin à développer son plan d’affaires. Mon fils, - eh oui - est devenu expert en spiritueux après avoir suivi avec succès une formation du WSET à Chicago l’an dernier. « La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre », conclut Alain. «Faut croire que chez nous, la passion pour les produits, c’est une histoire de famille.»

Photos archives de la famille Cloutier