Joyce N’Sana est une chanteuse et auteure-compositrice d’origine congolaise. Sa musique est foisonnante et puise dans plusieurs registres musicaux : hip-hop, blues, gospel et afropop. Ses textes sont engagés et plurilingues, heureux mélange de français, d'anglais, de lingala et d'autres dialectes congolais. Notre rencontre s’est tenue au MTELUS, entre sa journée comme éducatrice en garderie et ses tests de son.

Carburer à la musique

Joyce N’Sana, lauréate du prix Révélation Radio-Canada en chanson 2020-2021, affichait à peine de trac alors qu’elle s’apprêtait à monter sur scène pour la première partie de Tiken Jah Fakoly. À l’entrée du théâtre, elle était décontractée et enjouée de nous partager, tenue de spectacle en main, quelques fragments de sa vie d’artiste, mais aussi de mère, les deux étant étroitement liées. Par le passé, elle a déjà allaité ses deux enfants en coulisse, les a trimballés dans tous ses shows; ce ne serait pas étonnant qu’ils forment la troisième génération de musiciens de la famille. Joyce carbure à la musique : soit elle compose, soit elle est sur une scène en train de jouer, soit elle est spectatrice pour un de ses groupes préférés.

Justement, elle est rentrée de sa tournée dans l’Ouest canadien pile-poil pour le concert de The Roots, en clôture du Festival international de jazz de Montréal. Son obsession du moment, c’est Sampa the Great, une jeune rappeuse zambienne établie en Australie. Tout comme Joyce, elle métisse audacieusement les styles hip-hop, soul et afrobeat sans jamais perdre de vue les sonorités de son patrimoine africain. Sa playlist de l’été comprend aussi du Daara J Family, un groupe de hip-hop sénégalais, et du J.A.M., nom de scène du rappeur bouchervillois Jamil Assoum, champion de l’émission La fin des faibles en 2021. Les artistes qui l’accompagnent depuis longtemps et dont elle ne se tanne jamais sont Aretha Franklin, la « reine du soul », Bob Marley, Tupac, Billie Holiday et Lauryn Hill. Ils ont façonné, chacun à leur façon, la trajectoire musicale de Joyce. Elle se rappelle avoir chantonné, durant son enfance au Congo, des bribes de chansons qu’elle ne comprenait même pas. C’est seulement un peu plus tard qu’elle a fait le lien entre les lignes « Get up, stand up : stand up for your rights » de Bob Marley et la guerre civile qui éclatait dans son pays à l’époque.

Depuis son arrivée au Québec en 2006, Joyce a côtoyé de nombreux musiciens, chanteurs et groupes québécois. Une rencontre qui l’a marquée après coup est celle avec le défunt Karim Ouellet lors de la tournée hommage aux Colocs intitulée « Tassez-vous de d’là ». Elle fait rejouer sa musique aujourd’hui en repensant aux brefs propos qu’ils ont échangés et il y a beaucoup d’émotions qui s’installent. Joyce est également fan finie de Gerry Boulet. Elle le mentionne dans une entrevue avec Radio-Canada et nous a confessé vouloir reprendre Le chant de la douleur en reggae avec des airs congolais.

Une recette familiale

Joyce ne boit pas beaucoup d’alcool, mais quand elle a envie d’un bon petit verre, c’est une recette que lui a concoctée sa sœur qui lui fait le plus plaisir. C’est un mélange sans nom d’amaretto (liqueur italienne au goût d’amandes), de limonade, de sirop au fruit de la passion et de glaçons. La combinaison de douceur, de fraîcheur et d’exotisme lui donne envie de se mettre en bikini, peu importe la saison. Nous lui avons demandé ce qu’elle préférait entre le verre à vin, le highball et le verre à martini, ainsi qu’entre le gin tonic, l’Aperol spritz et le rhum punch, et elle a répondu sans hésiter : « Rhum punch, dans un verre à martini, avec des fruits et orné d’un parasol en papier pour mieux me donner la sensation d’être en vacances! »

Notre rencontre fort enrichissante avec Joyce N’Sana s’est conclue sur une note joyeuse! Nous lui souhaitons d’avoir performé à la hauteur de son talent pour cette première de Tiken Jah Fakoly et lui disons à très bientôt, lorsque nous irons la voir à sa deuxième performance dans le cadre des Nuits d’Afrique le 21 juillet à 19 h, sur la scène extérieure de l’Esplanade. Pour l’occasion, il ne faudra pas manquer de s’arrêter au Bistro SAQ pour prendre un cocktail à base d’amaretto ou de rhum!