Une zone géographique bien définie

Il se déroule une minirévolution au rayon des vins québécois. Un changement subtil mais néanmoins déterminant pour l’avenir de l’industrie. Depuis l’entrée en vigueur de l’appellation réservée, en novembre 2018, les vins frappés du sceau IGP Vin du Québec sont produits uniquement avec des raisins cultivés ici, dans une zone géographique bien définie (située essentiellement dans le sud et l’ouest du Québec). De la vigne à la bouteille, chaque étape de production présente une traçabilité complète et respecte les exigences d’un cahier des charges rigoureux.

Des vins d’appellation IGP

À première vue, le nouveau logo des vins d’appellation IGP — vin blanc, rouge, rosé, mousseux et pétillant, passerillé, de vendange tardive et sélective — se confond aisément avec celui des vins du Québec certifiés. C’est fait exprès: la reconnaissance, conforme à la norme ISO, marque en fait le prolongement d’une démarche enclenchée il y a plus de 10 ans, avec la certification Vin du Québec.

Retour vers le futur

Charles-Henri de Coussergues a été le grand instigateur du processus, en 2008, alors qu’il était à la tête de l’Association des vignerons du Québec (rebaptisé depuis Conseil des vins du Québec). «À l’époque, l’industrie n’était pas encadrée. Comme ils ne respectaient aucune norme, nos vins se heurtaient aux préjugés, se souvient le copropriétaire du Vignoble de l’Orpailleur, à Dunham. Nous voulions créer un outil qui mettrait en valeur notre savoir-faire et donnerait aux vins québécois leurs lettres de noblesse.»

Un an plus tard, avec l’appui d’acolytes engagés, le vigneron mettait sur pied le programme privé de certification des vins du Québec. «L’association a investi dans un cahier des charges, avec des audits indépendants assurés par l’organisme Ecocert Canada. Pendant neuf saisons, nous l’avons peaufiné et adapté à nos besoins», indique Yvan Quirion, propriétaire du Domaine St-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur.

Si la certification n’a pas fait d’abord l’unanimité — le processus demande de la rigueur, avec une prise de notes quotidienne du champ au chai, et prévoit des contrôles inopinés —, elle aura néanmoins rejoint la majorité. Ainsi, pendant cette période de «rodage», près de huit millions de bouteilles ont été certifiées, soit plus de la moitié de la production totale de vins québécois.

Que contient le cahier des charges de l’IGP Vin du Québec?

Voici des extraits de ses principales caractéristiques.

Territoire 
L’IGP Vin du Québec est située dans une zone limitée par la chaîne des Laurentides au nord, la frontière avec les États-Unis au sud, l’Ontario à l’ouest et les Appalaches à l’est.

Aire géographique délimitée 
Toutes les étapes d’élaboration doivent être réalisées à l’intérieur de l’aire géographique délimitée de l’IGP Vin du Québec.

Raisins 
Le vignoble doit produire au moins 50% du poids total de raisins frais ou de moût destinés à l’élaboration des produits vinifiés, embouteillés et étiquetés.

Cépages 
Les produits doivent être élaborés exclusivement à partir de cépages Vitis vinifera (nobles européens) et de rustiques et semi-rustiques autorisés (les plus qualitatifs et les mieux adaptés à notre terroir).

Vinification 
Les vins doivent être vinifiés exclusivement au vignoble.

Taux d’alcool 
Le taux d’alcool naturel doit être d’au moins 7% pour les vins liquoreux, 8% pour les vins blancs, rosés et effervescents, et 9,5% pour les vins rouges.

Comité d’agrément 
Le comité, formé de sommeliers, œnologues, chroniqueurs spécialisés, vignerons expérimentés et conseillers en vin, accepte le vin après dégustation si les résultats d’analyse chimique sont conformes au Règlement sur les aliments et drogues et au cahier des charges, et si le produit est jugé conforme selon la liste des défauts potentiels des produits dégustés.

Traçabilité 
La traçabilité des produits doit être garantie à toutes les étapes d’élaboration, de la vendange à la bouteille.

Environnement 
Les vignobles et les viticulteurs sous-traitants doivent respecter les délais avant récolte et les délais avant retour au champ lorsque des produits phytosanitaires sont appliqués.

Une IGP Vin du Québec

La certification était fin prête à s’élever au rang d’indication géographique protégée (IGP) et à quitter le giron de l’industrie. «À long terme, nous voulions en arriver là. C’est maintenant chose faite», affirme Yvan Quirion.

L’entrée en scène de cette IGP «Vin du Québec» annonce maintenant la sortie, graduelle, de la certification. Concrètement, quelle différence entre les deux dénominations ? «Leurs règles sont sensiblement les mêmes, à la différence que le cahier des charges est maintenant régi par un cadre légal. C’est une mesure qui a des dents: les tricheurs peuvent être mis à l’amende», explique Jean Joly, propriétaire du Vignoble du marathonien, à Havelock.

Rigoureuse, la dénomination est néanmoins plus souple que la fameuse AOC européenne (appellation d’origine contrôlée). «L’IGP, basée sur le territoire et non la typicité, encourage les vignerons à créer de nouveaux vins avec des assemblages et des cépages, précise Charles-Henri de Coussergues. Même après plus de 35 ans dans la vigne, ça me motive de pouvoir essayer de nouvelles choses.»

Les vignobles de la zone d'appellation IGP Vin du Québec

Vignoble Rivière du Chêne
Vignoble de L'Orpailleur
Vignoble Coteau Rougemont
Domaine St Jacques
Domaine de Lavoie
Vignoble Gagliano
Léon Courville Vigneron
Vignoble Les Artisans du terroir
Vignoble de la Bauge*
Vignoble Les Bacchantes
Vignoble Sainte-Pétronille
Vignoble Les Vents d'Ange
Vignoble Saint-Thomas
Vignoble Château de cartes
Vignoble Domaine l'Ange Gardien
Vignoble la Halte des Pèlerins
Vignoble Côte de Champlain
Vignoble Côte de Vaudreuil
Domaine Bergeville
Le Mas des Patriotes
Vignoble le Chat Botté
Vignoble Cortellino
Domaine Labranche
Vignoble du Marathonien
Vignoble Côte des Limousins
Vignoble 1292
Vignoble les Petits Cailloux
Domaine Cartier-Potelle