En visite chez la Famille Migneron de Charlevoix

Madeleine et son frère ont repris l’exploitation familiale et continuent d’y apporter leur touche un peu décalée, tout en favorisant une agriculture durable et des produits de qualité. Aujourd’hui, ils gèrent une fromagerie, qui est l’activité d’origine, ainsi qu’un vignoble et une distillerie.

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On s’est donné rendez-vous directement à la distillerie, où l’entreprise fabrique du gin et de l’eau-de-vie à base de petit-lait qui est récupéré de la fabrication du fromage. La distillerie contient sept grandes cuves, que Madeleine a renommées en hommage aux sept membres du S Club 7, pour ceux qui se souviennent du band et du show télé des années 90. C’est donc à côté de Tina et de Bradley que l’on amorce notre discussion.

Les alcools de la Famille Migneron sont commercialisés sous la marque Charlevoyou, c’est donc l’une des premières choses que j’ai voulu comprendre : l’histoire derrière ce nom intrigant.

« Avec le nom Charlevoyou, on savait qu’on voulait faire les choses sérieusement, mais sans se prendre au sérieux », commence Madeleine. « Ça a démarré avec le projet du vignoble. On ne voulait pas s’appeler "Domaine" ou "Clos" et on voulait quelque chose d’un peu décalé. C’est à ce moment-là que Charlevoyou est apparu comme marque officielle. Au départ, c’était une anecdote qu’on avait avec mes parents, et que mon père avait avec certains amis aussi. Mais finalement, c’était notre façon à nous de dire : "Voici notre alter ego." Donc, disons qu’on fait une soirée Charlevoyou vendredi, on n’ouvrira pas juste une bouteille de vin, mettons. C’est un peu ça que ça voulait dire, implicitement. »

On poursuit ensuite la discussion sur les méthodes de travail de l’entreprise et sur la place du développement durable dans ses activités. Madeleine me parle alors de ce qu’ils appellent « la viticulture intelligente ».

« De nos jours, je crois qu’on n’a pas le choix de penser aux générations futures. On n’a pas le choix de penser à une culture qui est pérenne, aussi. Une viticulture intelligente, je pense que c’est de faire les choses de manière sensée en laissant le moins de traces possible, puis en essayant de bien faire les choses », explique Madeleine. Elle poursuit : « Pas trop d’intrants aussi, parce que ce qui est allé dans notre sol, c’est ce qu’on va ingérer en tant que consommateur de vin, par exemple. Il faut que ça soit le plus propre possible chez nous, finalement. Une des raisons pour lesquelles on est en certification biologique avec le vignoble, c’est qu’on vit littéralement dans le vignoble. Donc, s’il y a des pesticides, puis des matériaux un petit peu plus lourds dans l’air, on vit dedans. Puis un jour, nos enfants vont courir là-dedans, nos chiens vont courir là-dedans. C’était juste naturel pour nous d’aller en certification bio depuis le jour un de la vigne. »

En venant sur place chez la Famille Migneron, on découvre non seulement un bel endroit avec des vues typiques de Charlevoix, mais c’est aussi l’occasion de goûter des choses qu’on retrouve littéralement uniquement ici à leur boutique.

« Ici, chez nous, on garde la boutique un peu comme un laboratoire, autant pour les fromages et les vins que pour les spiritueux. Donc, on va faire des petites batchs de yogourt au lait de brebis, par exemple, des petites batchs de fromage qu’on n’a pas envie de lancer à l’échelle nationale », me dit Madeleine.

« Même chose pour les vins », poursuit-elle. « En fait, la grande majorité de nos vins va être vendue quasi seulement ici. Ensuite, il y a des petits prêts-à-boire, des petites surprises comme ça qu’on va sortir au cours de l’été, qu’on se garde seulement pour la boutique. Donc, ça vaut vraiment le détour pour la simple et bonne raison qu’il y a toujours des surprises à découvrir! »

On termine la discussion en évoquant les produits qu’elle aime, notamment ceux du Québec, qui l’inspirent dans son activité au quotidien.

« Il y a beaucoup de trucs à travers le monde qui nous inspirent. Mais j’aime beaucoup aussi y aller très très "terroir", genre voir des plantes qui poussent ici, puis me demander quoi faire avec ça. Ça me stimule beaucoup aussi », me dit Madeleine avec enthousiasme.

 « Mais oui, il y a plein de marques que j’adore. J’ai une obsession pour le whisky japonais. Après ça, je suis une fan de ce qui se fait dans l’Oaxaca, avec les mezcals et les tequilas. Sinon, ici au Québec, il y a des gens qui travaillent ultra bien. Je pense à des amis comme La Société secrète en Gaspésie, des gens comme Cirka, des gens comme Menaud, ici, près de La Malbaie.

Il y a des gens qui distillent de la patate de façon très très cool dans le comté de Portneuf. Et il y a de magnifiques projets comme ça qui célèbrent l’agriculture, qui ont vraiment les deux pieds dedans, puis qui vont transformer aussi de la matière première à la bouteille. C’est une valeur qui nous tient énormément à cœur, parce que c’est ce qu’on fait. »

Après une courte pause, Madeleine ajoute : « Et évidemment, on célèbre le travail de tout le monde. Après tout, l’industrie est forte grâce à l’union de tous ces producteurs-là. Mais c’est sûr que pour nous autres, d’être "matière première à la bouteille" et d’être Origine Québec sur les tablettes de la SAQ, ça fait toute la différence du monde. »

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