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Stephanie MacLeod, distillerie, femme, spiritueux, Dewar’s

Rencontres

Femmes et spiritueux: aux alambics!

Entre tradition et innovation, créativité et méthodologie, voici un portrait de femmes visionnaires qui s’adaptent aux goûts en constante évolution des consommateurs.

Publié le 1 mars 2022

Qu’on pense à James Bond et à son martini (au shaker, pas à la cuillère!), à Don Draper de Mad Men et son old fashioned ou encore au personnage de Bill Murray dans Lost in Translation, toujours un whisky à la main, l’alcool et les spiritueux en particulier ont souvent été associés à un univers très masculin. Pourtant, les femmes sont loin d’y être étrangères: plusieurs en ont même fait leur profession!

Cela ne relève d’ailleurs pas de l’histoire moderne. Historiquement, les femmes étaient nombreuses dans l’univers de la fabrication d’alcool en Europe et en Amérique du Nord. Dès le 16e siècle, elles exerçaient déjà une grande influence dans le monde de l’aqua vitae (eau de vie).

Aujourd’hui, elles assurent la prospérité de certaines des plus grandes distilleries au monde, que ce soit en tant que maîtresses distillatrices ou à travers la perspective unique qu’elles apportent aux spiritueux.

Stephanie Macleod – Dewar’s

Stephanie Macleod – Dewar’sStephanie Macleod – Dewar’s

Stéphanie Macleod est devenue une icône dans l’industrie du whisky lorsqu’elle a reçu le titre de maître assembleur de l’année lors d’une la compétition internationale de whisky en 2019. Première femme récompensée par ce prix, elle est animée aujourd’hui par la même passion qui l’a plongée dans le merveilleux univers de la distillerie en 1998.

Si elle n’avait jamais envisagé une carrière de distillatrice pendant ses études, c’est sa première expérience professionnelle au Centre de la qualité alimentaire de L’Université de Strathclyde en Écosse qui l’a conduite vers sa vocation.

« Je travaille chez Dewar's depuis 1998. Avant cela, j'ai travaillé au Centre de la qualité alimentaire de l'Université de Strathclyde, où j'ai étudié la saveur du whisky écossais en fonction de sa composition chimique », explique-t-elle.  « Chez Dewar's, j'ai occupé divers postes dans le domaine de la qualité, puis j'ai pris en charge la gestion du laboratoire, avant de devenir distillatrice désignée et enfin maîtresse distillatrice en 2006. Je suis très fière d'être maîtresse distillatrice chez Dewar's, une entreprise qui perpétue 176 ans de traditions en distillerie et qui les façonne pour l'avenir. »

Aujourd’hui, Stéphanie Macleod contribue à mettre en lumière et à promouvoir les différentes opportunités qui existent dans ce milieu pour les femmes: « Ces dernières années, chez Dewar's, nous avons été déterminés à nous faire connaître non seulement des étudiants et des diplômés, mais aussi à les inviter à rejoindre nos programmes de stages et d'études supérieures. Nous avons maintenant de nouveaux talents et la plupart d'entre eux sont des femmes, on en est fiers! »

Pour Stéphanie Macleod, la plus grande reconnaissance en tant que maîtresse distillatrice se trouve dans les échanges qu’elle peut avoir avec les consommateurs : « La reconnaissance ultime pour moi, c'est lorsqu'un de nos clients me dit ce que nos whiskies signifient pour lui. Nos whiskies font partie des célébrations de la vie: mariages, anniversaires, etc. Sachant cela, nous nous assurons que chaque bouteille mérite une place dans les moments qui comptent dans la vie des gens.  L'année dernière, j'ai également reçu pour la troisième année consécutive le titre de Master Blender of the Year, décerné par l'International Whisky Competition, grâce à notre magnifique whisky écossais Double-Double 32 ans d'âge. Ce fut un moment de grande fierté. »

Marissa Fortin - Hera

Marissa Fortin - HeraMarissa Fortin - Hera

Fondatrice de la nouvelle marque québécoise de spiritueux Hera, Marissa Fortin a commercialisé il y a un peu plus d’un an et demi son premier produit: un whisky avec une teneur d’alcool de seulement 25 %. Du jamais vu dans l’industrie. « L’idée derrière Hera est partie de mes goûts personnels, car j’aime beaucoup les arômes et la subtilité du whisky, mais je trouve ça trop fort, raconte-t-elle. Au fil du temps, je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup de personnes comme moi qui auraient souhaité avoir accès à un produit plus doux. »

Marissa Fortin ne se considère d’ailleurs pas distillatrice, mais plutôt créatrice, car elle ne distille pas elle-même son whisky: « J’utilise un whisky canadien vieilli de cinq ans. Même si je ne distille pas mon propre alcool, c'était très important pour moi qu’il soit local », précise-t-elle. 

Inspirée par la découverte, le progrès et la diversité, Marissa Fortin a créé un produit élégant et raffiné avec une teneur en alcool moins élevée qui s’adapte aux goûts changeants de la société.

« La compétition dans l’industrie du whisky est forte, certes, mais je ne me considère pas en compétition avec des marques qui existent depuis des siècles, telles que Glenlivet. J’ai créé un produit nouveau sur le marché qui répond à une demande différente. Je pense que la conception d’un nouveau produit doit être faite pour les bonnes raisons », conclut-elle.

Marissa Fortin souhaite également que son entreprise ait un impact positif sur la société, c'est pourquoi elle s'est engagée à remettre à des initiatives locales qui soutiennent les femmes dans le besoin une part des profits de chaque bouteille vendue. 

Lesley Gracie - Hendrick’s 

Lesley Gracie - Hendrick’s Lesley Gracie - Hendrick’s

Lesley Gracie se passe presque de présentations. La légendaire maîtresse distillatrice a révolutionné l'industrie du gin il y a plus de 20 ans en créant une recette de gin écossais unique, infusé à la rose et au concombre, qui se démarque de tout autre gin dans le monde. Depuis, elle s'efforce d'innover continuellement afin de perpétuer la renommée mondiale de la marque.

« Grâce à ma formation en chimie, j'ai commencé à travailler dans l'industrie pharmaceutique en jouant avec différentes combinaisons d'arômes pour masquer l'amertume des nouveaux médicaments, afin que ceux-ci aient un goût suffisamment agréable pour être consommés », confie-t-elle. 

« J'ai ensuite déménagé en Écosse et commencé à travailler chez William Grant & Sons. Et puis un jour, Charlie Gordon m'a demandé de créer un nouveau gin, ce qui a été un peu surprenant, pour être honnête, car le gin n'était pas très populaire à l'époque. Il s'agissait cependant d'un mandat extraordinaire et j'avais l’entière liberté de faire absolument tout différemment! C'est ce que nous avons fait et j’ai adoré tout le processus du début jusqu’à la fin. Je suppose que le reste appartient à l'histoire! », poursuit-t-elle.

Elle s’amuse à dire qu’elle est arrivée dans cette industrie par accident, que c’est le fruit du hasard et le résultat de belles rencontres, mais avoue cependant avoir toujours été attirée par les plantes et les mélanges en tout genre: « D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été passionnée par les plantes et j'ai toujours fait des concoctions avec celles-ci. Enfant, je faisais des thés avec des fleurs. »

« Chaque fois que je me trouve quelque part, je regarde toujours une plante ou une fleur et je me demande ce que ça sent. Quel goût ça aurait? Je suis bizarre comme ça », dit-elle en riant. « En général, je prends une feuille ou une fleur et je la frotte dans mes mains pour voir quel parfum elle dégage. L'inspiration peut être trouvée partout si on la cherche. »

Tout au long de son parcours professionnel, Lesley Gracie n’a jamais senti de réelle compétition avec ses confrères. « J'ai personnellement trouvé que ce secteur était amical et solidaire », estime-t-elle. « Pour moi, il s'agit moins de compétition que de camaraderie. Je suis actuellement le Grand Rectifier of the Gin Guild. Dans le cadre de mon rôle, je veux m'assurer que chaque membre de la Gin Guild bénéficie du même soutien et de la même camaraderie que ce dont j'ai bénéficié au fil des années ».

Isabelle Rochette - Cirka

Isabelle Rochette - CirkaIsabelle Rochette - Cirka

Isabelle Rochette a été l’une des premières femmes à maîtriser l’alambic au Québec dans la superbe distillerie Cirka. Isabelle a eu plusieurs vies avant de se diriger vers le métier de distillatrice. Un parcours professionnel qui fait d’elle une distillatrice aussi passionnante que passionnée.

« Je dis toujours que mon parcours professionnel a été long et tortueux et que devenir distillatrice est un heureux hasard. J’ai touché au design, à la photographie, travaillé pendant longtemps en IT chez Ubisoft et j’ai étudié en sommellerie. Tout mon parcours résonne aujourd’hui dans ce que je fais, en particulier la sommellerie. Parce qu’en distillerie comme en sommellerie, on est toujours en apprentissage, on n’arrête jamais d’apprendre et c’est précisément ça que j’aime le plus de mon métier », résume-t-elle.

Elle porte un regard éclairé et visionnaire sur l’industrie des spiritueux qui ne se limite pas seulement à une vision locale. « Quand on crée un nouveau produit, on se doit d’évoluer. Il faut se défaire du côté facile, croit-elle. On le voit en ce moment: le marché du gin est saturé. Il faut penser local et économie circulaire, mais également international quand on conceptualise un nouveau spiritueux. C'est-à-dire qu’on ne crée par un produit qui est seulement adapté au palais québécois, mais aux palais planétaires tout en représentant au mieux le terroir d’ici. »

Isabelle Rochette est très enthousiaste par rapport à la place des femmes dans le monde de la distillation. « Quand on a commencé, on était deux, maintenant on est huit femmes*, mais je ne pense pas que c’est totalement représentatif. Je pense que les femmes ont toujours été présentes dans l’industrie, on le voit notamment dans l’histoire du whisky où la femme est très présente. Ce n’est pas un “boys club” comme on a tendance à le penser. Elles ont gagné leur dû parce qu’elles ont leur place. Je ne pense pas qu’aujourd’hui au Québec il y ait de discrimination, c’est le produit qui va parler, que le distillateur soit un homme ou une femme », conclut-elle.

 


*Quelques distillatrices québécoises à surveiller: 

  • Madeleine Dufour chez Charlevoyou
  • Pascale Vaillancourt - Ubald
  • Sarah Renau-Céré chez Ménaud 
  • Geneviève Blais chez La société secrète 
  • Amélie-Kim Boulianne chez La société secrète
  • Marilynn D. Legault chez Domaine Lafrance 
  • Jennifer Nadwodny chez Domaine Lafrance
  • Hélène Dumont chez Distillerie Fils du Roy

Sources 

Phillips, R. (2017). Une histoire de l’alcool. Presse de l’Université Laval

Hera Spirits. Histoire. https://www.heraspirits.com/#histoire

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