Qui dit Australie dit certainement shiraz, un cépage qui a fait et fait toujours la renommée de cet important pays producteur. Mais de nos jours, qui dit Australie dit aussi riesling, barbera, sémillon, mencia, grüner veltliner, montepulciano, vermentino, fiano et bien d’autres cépages encore.

Alors que l’automne avance tranquillement vers l’hiver, l’Australie n’est peut-être pas le premier pays auquel vous pensez pour accompagner vos recettes réconfortantes, mais il vaut certainement la peine de regarder de plus près ce que le Land Down Under peut offrir. Si vous n’avez pas goûté un vin australien depuis un moment, vous aurez certainement d’agréables surprises.

Climats maritimes, chaudes plaines intérieures, vallées montagnardes fraîches et terroirs semi-désertiques: en Australie, les territoires consacrés à la vigne sont extrêmement variables et diversifiés. Et si les grands producteurs ont su faire la réputation du pays avec des vins de cépages ensoleillés et techniquement impeccables, les tendances récentes mettent de plus en plus en valeur les spécificités des terroirs et la diversité des approches de vinification – parfois passablement expérimentales ou naturelles.

Résultat, le plaisir croît avec l’usage pour l’amateur qui se laisse tenter par une bouteille venue de Margaret River, d’Adelaide Hills ou de Mornington Peninsula – voire même de Barossa, où l’on trouve beaucoup plus que les shiraz costauds et généreux qui ont rendu la région célèbre. Au cours de la dernière décennie, les grenaches de McLaren Vale sont passés à un style plus léger et éclatant, avec un fruit rouge croquant et des notes presque florales: une véritable métamorphose, des plus réussies.

Un paysage changeant

Les vignerons australiens se distinguent aussi par leur capacité d’adaptation. Face à des millésimes plus chauds et plus secs, les viticulteurs et producteurs ont mis à l’essai des cépages qui sont habitués aux conditions chaudes et sèches des climats méditerranéens comme le fiano, le primitivo, le carignan, le vermentino ou le touriga nacional – voire même l’assyrtiko et le nero d’avola. Ils ont aussi trouvé des climats plus frais pour la production de shiraz, au point d’utiliser plutôt son nom de syrah pour bien signaler leur volonté de produire un vin plus frais et plus croquant. Ils ont aussi appris à vendanger plus tôt, pour préserver l’acidité et donner plus d’énergie au vin, ou à essayer de nouveaux assemblages et de nouveaux styles de vinification.

L’évolution récente des vins australiens s’illustre particulièrement bien par le registre renouvelé d’un cépage bien connu: le chardonnay. Ces années-ci, les chardonnays australiens montrent une fraîcheur renouvelée et un boisé beaucoup plus discret, voire absent. Dans des régions comme Yarra Valley ou Mornington Peninsula, ce cépage trouve une grande finesse et des acidités vivifiantes, ainsi qu’une belle capacité de vieillissement, en plus du côté ensoleillé qui a depuis longtemps séduit bien des amateurs de vin. En Tasmanie, le chardonnay est même utilisé pour produire des mousseux énergiques et d’une belle complexité, en plus de vins de table élégants et vifs. Les producteurs australiens recherchent particulièrement les terroirs plus frais, pour ce cépage, et on voit des vignobles pousser plus en altitude et dans des climats plus frais, comme dans la région de Tumbarumba, d’où l’on peut voir les sommets enneigés des Alpes victoriennes – des montagnes où les Australiens vont d’ailleurs faire du ski, une fois l’hiver venu.

Des trésors anciens

Où sont les plus vieilles vignes de syrah, de mourvèdre ou de grenache au monde? Elles ne sont ni à Côte-Rôtie, ni à Bandol, ni à Châteauneuf-du-Pape, mais plutôt dans la vallée de la Barossa, en Australie. Cette région compte en effet plusieurs vignobles «centenaires» (plus de 100 ans) et «ancêtres» (plus de 125 ans): de véritables trésors viticoles qui produisent toujours des cuvées très recherchées. Chez Langmeil, le Freedom Shiraz est tiré d’un vignoble planté en 1843 par un immigrant prussien, Christian Auricht. Chez Cirillo Estate Wines, on bichonne un vignoble de grenache remontant à 1848, tandis que le vignoble «Old Garden» de la maison Hewitson accueille des mourvèdres remontant à 1853 – les plus vieilles vignes identifiées sur la planète pour ce cépage. N’ayant pas été frappés par la crise du phylloxéra qui a détruit le vignoble européen à la fin du 19e siècle et souvent plantés sur des sols sablonneux qui les protègent, ces vieux vignobles sont des témoins de l’exceptionnelle résilience de cette plante – et de la qualité des fruits tirés de ces séniors en pleine forme.

Vitalité et tradition

De toutes ces manières, le vin australien s’est profondément transformé, au cours de la dernière décennie, tout comme il l’avait déjà fait plus d’une fois, au fil de deux siècles d’évolution. Après tout, pendant la première moitié du 20e siècle, le pays avait bâti sa réputation autour des vins fortifiés, autant des rouges riches et doux que des blancs remarquables tirés du muscat ou de la muscadelle.

À partir des années 1950-60, une nouvelle ère moderne de développement devait se faire sentir avec la naissance de cuvées célèbres comme le Penfolds Grange, aujourd’hui devenu un vin légendaire, et avec la création de l’Australian Wine Research Institute, dont l’importance exceptionnelle dans la recherche en viticulture et en œnologie est aujourd’hui reconnue partout dans le monde. Si certaines maisons mettent fièrement en valeur leurs quatre, cinq ou six générations d’histoire, de nouveaux joueurs entrent constamment en scène avec des idées fraîches, parmi les quelque 2 000 producteurs actifs partout au pays.

De bien des manières, la viticulture actuelle reflète bien la diversité d’un pays où se font sentir des brassages d’influences tant asiatiques qu’européennes, en combinaison avec une personnalité propre souvent plus grande que nature. Des villes comme Melbourne et Sydney sont devenues des références gastronomiques internationales, grâce à des restaurants qui savent mélanger ingrédients et styles culinaires d’une manière aussi originale que délicieuse. Le vin s’aligne sur cette effervescence, en offrant un vaste registre d’expressions capables de s’accorder en toute liberté avec la diversité de l’assiette.

Cette originalité et cette capacité de transformation offrent probablement le meilleur résumé de la manière dont le monde du vin australien se perçoit lui-même. Les vignerons de ce pays sont très heureux de leur indépendance – et pas question que qui que ce soit ne vienne leur dicter leurs façons de faire.

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