Gin et coolers à base de gin
Sur les rayons, il est difficile de manquer le premier gin de la BluePearl Distillery, le BleuRoyal. Lancé le 18 décembre 2018, ce spiritueux se distingue par sa couleur bleue intense, tirée de la fleur de pois papillon, qui tourne au violacé quand on ajoute un peu d’acidité, comme la touche de lime ou de citron d’un gin tonique. Une façon pour la distillerie montréalaise d’en faire un produit bien québécois, en affichant les couleurs du Québec jusque dans le produit.
Déjà distribué en France, le BleuRoyal est maintenant décliné en gin tonique prêt à boire, tout aussi coloré que le produit d’origine. Deux façons de faire vivre un produit qui a cartonné dès les premiers jours, au-delà des attentes du trio fondateur de l’entreprise, Francis Bluteau, Karl Fortin et Jonathan Perlstein. «Je n’aurais jamais pensé que ça décollerait si vite,» avoue Bluteau, en indiquant que la distillerie s’apprête à ouvrir de nouvelles installations qui lui permettront de quintupler son rythme de production.
De la chambre d’amis à la distillerie
Pas mal pour une entreprise qui, d’une certaine manière, doit sa naissance à un hasard de location d’appartement montréalais. À sa sortie de l’université, Francis était en effet venu louer un appartement dans un édifice propriété de la mère de Jonathan Perlstein. Passant par l’appartement d’en dessous où logeait justement Jonathan, il voit dans la «chambre d’amis» des cuves de fermentation et d’autres équipements, disons, expérimentaux, utilisés par Jonathan et son ami Karl Fortin. Karl avait été directeur technique de la microbrasserie étudiante Sherbroue à l’Université de Sherbrooke et son ami Jonathan était un grand curieux des alambics. Ensemble, le duo s’était créé un plutôt beau passe-temps.
À l’université, Francis Bluteau avait été organisateur des partys étudiants de son université, des plus petits aux plus grands, ce qui lui avait valu d’être courtisé par les brasseurs et autres fournisseurs de ces festivités – et du coup, de découvrir de l’intérieur le fonctionnement de ce secteur d’affaires. Il songeait à ouvrir une microbrasserie, mais hésitait devant le nombre élevé de joueurs québécois dans le domaine. En rencontrant Karl et Jonathan, l’idée devait se transformer et se tourner vers la distillerie.
Entraînant au pas de course ses deux nouveaux amis vers la création de BluePearl, Bluteau établit un plan de match, va chercher le financement et met la machine en route. Les deux autres se mettent à la création d’un produit distinctif qui deviendra le BleuRoyal.
Pour l’associé responsable des ventes et du marketing, les expérimentations de ses deux compères auront accéléré la conception des produits, une fois venu le temps de les créer dans une vraie distillerie. «La meilleure façon d’apprendre à faire de bonnes tartes, c’est d’en faire des mauvaises,» résume l’associé chargé des ventes et du marketing.
Passer au vert
Pas question pour l’équipe de BluePearl de travailler en monochrome, toutefois. La maison vient de lancer un nouveau gin plus léger (30 % d’alcool), bâti sur la fraîcheur et les arômes de concombre, de menthe, de basilic et de romarin. Tout frais arrivé en succursale, le nouveau gin vise particulièrement les gens qui cherchent à trouver un certain équilibre dans leur mode de vie, en veillant à leur santé en modérant les calories et l’alcool. «C’est la moitié des calories d’un gin régulier,» insiste Francis Bluteau.
Passer au numérique
Tout en lançant ce nouveau produit, la distillerie a aussi réagi à l’arrivée du COVID en se mettant à la production de désinfectant pour les mains, tout en réfléchissant à la création d’une liqueur crème à base de babeurre et sur bien d’autres produits colorés à leur façon. On prend aussi le temps d’expédier les végétaux utilisés par la distillerie pour nourrir un troupeau de chèvres et de concocter des recettes de cocktails avec la collaboration de professionnels comme Julien Presseau de Made With Love ou des clients les plus fidèles de la maison.
«Tu ne peux pas t’ennuyer dans cette business,» résume Francis Bluteau. Dans les circonstances présentes, l’équipe de BluePearl s’est assurée de maintenir le contact avec sa clientèle en lançant une infolettre qui a trouvé pas moins de 1 500 abonnés en moins d’un mois. Un contact d’autant plus important que la marque s’appuie particulièrement sur ces relations. «On sonde les clients pour les étiquettes de produits, on essaie de répondre tout de suite à leurs questions, même quand elles rentrent à deux heures du matin,» insiste-t-il. Des façons de continuer de lever un verre ensemble, même à distance.