Millésimé ou non?

Contrairement à la plupart des vins, le champagne est généralement mis en marché sans mention du millésime: 80% des expéditions sont constituées de brut non millésimé, porte-étendard de la région. En effet, ces fines bulles ont traditionnellement été conçues en fonction d’un style uniforme et reconnaissable.

Pour assurer cette constance, les maisons assemblent plusieurs millésimes en cherchant à équilibrer acidité, maturité, fraîcheur, arômes et cie, afin d’atteindre le style et la signature voulue par la maison. Ce recours à une «réserve perpétuelle» de millésimes permet aussi d’ajouter en complexité aux vins (grâce notamment aux notes plus évoluées des plus vieux millésimes) et de gérer les variations de rendements en assurant une plus grande régularité des volumes de production.

Bien que certains producteurs artisans produisent certaines cuvées millésimées chaque année, le champagne millésimé est le plus souvent réservé à des millésimes d’une qualité exceptionnelle. Un champagne millésimé doit être constitué à 100% de vin de l’année en question et il doit aussi être gardé en cave un minimum de trois ans avant la mise en marché, contre 15 mois contre les cuvées non-millésimées.

Les sept cépages

Le plus souvent, le champagne est fait de trois cépages principaux: chardonnay, pinot noir et pinot meunier, le plus souvent en assemblages, parfois en cuvées monocépages. Le pinot noir et le pinot meunier représentent près de 70% des raisins récoltés dans la région. Un peu comme les trois mousquetaires qui étaient quatre, le nombre de cépages autorisés s’élève toutefois à sept, avec le pinot gris, le pinot blanc, le petit meslier et l’arbanne, qui sont rares mais toujours présents.

Blanc de quoi?

La grande majorité du champagne (autour de 90%) est blanc, même s’il provient d’une majorité de raisins noirs. Les cépages rouges ont tendance à donner des cuvées au profil plus généreux et riche, tandis que le blanc donne des vins plus tendus, minéraux et fringants. Quand un champagne blanc est fait exclusivement de cépages blancs (chardonnay, sauf de rares exceptions), on parle alors de «blanc de blancs». Quand il est tiré de cépages rouges (pinot noir et/ou pinot meunier), le vin peut être désigné comme «blanc de noirs».

Crus et côtes

Du nord au sud, des environs de Reims au village des Riceys, le vignoble champenois couvre un peu plus de 150 kilomètres à vol d’oiseau. En combinaison avec des expositions et des sols distinctifs, c’est suffisant pour créer des différences considérables dans le style des vins et dans l’encépagement des vignobles. Les coteaux calcaires du secteur de la Côte des Blancs sont essentiellement consacrés – on s’en doute – au chardonnay, tandis que la Montagne de Reims et la côte des Bars sont le royaume du pinot noir. Le pinot meunier se plaît quant à lui particulièrement sur les sols argileux de la vallée de la Marne. À l’intérieur de ces quatre grandes zones, on trouve vingt petites régions distinctives (Avize, Ambonnay, Montgueux, etc.) qui démontrent des caractéristiques distinctives. À l’intérieur de ces communes prisées, on retrouve plus de 300 crus individuels, souvent constitués d’une seule parcelle, que les producteurs peuvent mettre en valeur individuellement sur leurs bouteilles en tant que grand cru ou premier cru.

À chacun son dosage

Aimez-vous votre champagne bien sec et fringant ou plus rond et charmeur? Plus que tout autre vin, le champagne exprime clairement cet élément de style sur ses étiquettes, grâce à un classement qui exprime la quantité de sucre résiduel présent dans le vin. Ce taux de sucre est calibré avec précision par les producteurs en toute fin de production. Au moment du dégorgement, l’étape où l’on retire les lies des bouteilles vieillies en cave, on ajoute au vin une petite quantité de liqueur de dosage ou liqueur d’expédition, soit un mélange de sucre de canne et de vieux vins de champagne. La quantité de liqueur ajoutée conditionne la classification des champagnes selon le taux de sucre résultant:

- extra brut entre 0 et 6 grammes de sucre par litre
- brut moins de 12 grammes de sucre par litre
- extra dry entre 12 et 17 grammes de sucre par litre
- sec entre 17 et 32 grammes de sucre par litre
- demi-sec entre 32 et 50 grammes de sucre par litre
- doux plus de 50 grammes de sucre par litre

Quand aucun dosage n’a été ajouté et que le sucre résiduel est inférieur à 3 grammes par litre, le champagne peut également comporter la mention brut nature, dosage zéro ou non dosé.