La famille Lavoie, installée à Rougemont depuis 1983, cultive aujourd’hui la pomme, la poire et la vigne.

Quand on lui demande quelle est la spécialité du Domaine de Lavoie, Francis-Hugues Lavoie répond, mi-pomme, mi-raisin: la diversité! «On fabrique du cidre, du vin, des poirés, des mousseux, des tranquilles et des fortifiés… en tout: une vingtaine de produits.»

Mais ce qui accapare le plus le directeur de la production en ce moment, c’est le potentiel d’innovation de la pomme et le marché du cidre en pleine effervescence.

Un cidre houblonné

De concert avec son maître de chai, l’ingénieur agricole a mis au point une technique qui combine la pomme et le houblon. Résultat: un cidre tout en subtilité, servi en canette. Le «Hugues original», baptisé ainsi en son honneur, demeure un secret bien gardé… à ébruiter!

«Le mélange de pomme et de houblon peut paraître surprenant, car on associe d’emblée le houblon à la bière», reconnaît le grand gaillard de 34 ans, fils de Francis Lavoie, fondateur du vignoble-cidrerie. Ici, zéro amertume. Infusé à basse température sur une longue période, le houblon se mêle à l’onctuosité de la Cortland et à la fraîcheur de la McIntosh – avec une note de romarin. De quoi plaire à une clientèle jeune et branchée! «Le Hugues suit la tendance des cidres prêts à boire, plus secs, à faible teneur en sucre et en alcool (6,5%)», précise-t-il.

Oser la modernité

Qui dit innovation dit risque. Francis-Hugues préfère parler d’occasion d’affaires. Jusqu’ici, tous les produits du Domaine étaient traditionnels, à l’image de son paternel. «Bien que je les apprécie, je ne me reconnaissais pas en eux, avoue-t-il. J’ai voulu leur apporter un côté plus jeune et plus festif. Mon père s’est vite montré d’accord, à condition que je m’en occupe!»

Celui qui s’implique officiellement dans le Domaine familial depuis 2008 ne s’est pas fait prier. En 2016, il lançait une nouvelle gamme de cidres mousseux, dont le Hugues original en est la première note.

Son défi: le faire entrer dans les mœurs des Québécois, au même titre que la bière. «À l’apéro, en famille, après une partie de hockey… le Hugues est bon en toute occasion!» lance-t-il. À table, il accompagne autant une brandade de morue que du poulet ou des calmars frits.

Bulles d’automne - un classique du Domaine de Lavoie

Issu des vendanges tardives, ce cidre mousseux présente une belle fraîcheur de pomme croquante et une effervescence obtenue grâce à la méthode Charmat (deuxième fermentation en cuve close). Ni trop sucré ni trop onctueux, on le déguste à l’heure du brunch (accompagné de jus d’orange pour un Mimosa) ou en cocktail de bienvenue.

Voir grand

Au Domaine de Lavoie, l’esprit d’initiative ne date pas d’hier. Il fallait être audacieux, en effet, pour quitter la vallée de la Matapédia et acheter un petit verger à Rougemont, quand on est architecte et prof d’éducation physique. C’est le pari qu’ont fait les parents de Francis-Hugues dans les années 1970.

Venus étudier à Montréal, ils sont tombés dans les pommes par une belle journée d’automne! «Ils étaient émerveillés par les pommiers, eux qui ne connaissaient que le blé et l’orge de la Gaspésie, raconte leur fils. Ils ont eu la piqûre.» Leur rêve d’exploiter un verger à Rougemont se concrétise en 1983, avec l’envie d’y élever leurs trois enfants.

Au fil des ans, des milliers de pommiers sont plantés, puis des vignes. La famille Lavoie acquiert de nouvelles terres. Aujourd’hui, elle en possède quatre – le verger familial EFFeL, le Domaine de Lavoie, La Pommeraie d’Or (où les tourtereaux étaient allés cueillir des pommes la première fois!) et le Clos Saint-Denis. Quelque 20 000 pommiers, 83 000 pieds de vigne et 4000 poiriers qui poussent sur le versant sud de la montagne produisent chaque année 90 000 bouteilles de vin et autant de cidres délicieux.

Le rouge de Lavoie

Ce vin rouge passe-partout, ni trop corsé ni trop léger, a été créé peu après l’ouverture du vignoble, en 2002. Issu d’un assemblage de trois cépages hybrides – baco noir, frontenac noir et maréchal-foch – et élevé au contact du chêne, il dégage des arômes de vanille, de fruits secs et de cacao. S’accorde bien avec les grillades, les pâtes, les fromages et les charcuteries.

Photo : Julien Faugère