Le cépage exilé
En 1395, dans le but de privilégier le pinot noir, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi ordonne d’extirper les plants de gamay de son territoire bourguignon. Il ne sait pas qu’en poussant ainsi ce cépage vers le sud, il lui permettra de trouver son terroir d’expression optimale dans le Beaujolais. Aujourd’hui encore, le gamay y est le seul cépage rouge autorisé et représente la quasi-totalité de la production vinicole. Le chardonnay, parfois assemblé avec l’aligoté, n’en constitue environ que 1%.
Vive la «carbo»
La macération semi-carbonique est un élément incontournable de la vinification du gamay dans le Beaujolais. Les grappes entières sont mises directement en cuve: résultat, une fermentation intrapelliculaire (en bref, à l’intérieur des baies) qui procure éclat au fruit et souplesse aux tannins.
Dix crus gagnants
Le sud, ou Bas-Beaujolais, produit presque tous les vins primeurs tandis qu’au nord, 38 villages profitent de l’appellation beaujolais-villages. Les crus n’occupent qu’environ 10% de la superficie totale du vignoble régional. Seulement 10 communes ont le droit d’inscrire leur nom sur l’étiquette en tant que crus: saint-amour, juliénas, chénas, chiroubles, régnié, brouilly, côte-de-brouilly, moulin- à-vent, fleurie et morgon. Ces trois derniers sont les plus aptes à vieillir.
À table
Les sols, surtout granitiques au nord et schisteux au sud, donnent en général des vins de soif aux parfums de fruits envoûtants, qui font merveille à l’apéro. Le beaujolais s’accorde particulièrement bien avec les jambons, terrines et charcuteries. On sert les vins de primeur à 11 ou 12 degrés, et les beaujolais-villages et les crus à 13 ou 14 degrés.
Le gamay passe-partout
Facile à marier, avec ses notes croquantes de petits fruits rouges et d’épices, le gamay relève délicieusement les charcuteries et les volailles. Grâce à sa belle acidité et à ses tannins souples, il s’accorde aussi avec bien des plats qu’on aurait tendance à servir avec un blanc. En fait, ce cépage est suffisamment en vogue pour que même les Bourguignons s’y soient mis. Depuis 2011, ils en produisent sous l’appellation bourgogne-gamay, avec des raisins issus exclusivement des crus du Beaujolais. Plus près d’ici, l’Ontario prend aussi goût à ce populaire cépage qui donne de beaux résultats, comme certains vins de 13th Street Winery ou de Tawse Winery, qu’on peut trouver chez nous.
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