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Rhum québécois : le visage local du nectar des Antilles

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Rhum québécois : le visage local du nectar des Antilles

Saviez-vous que du rhum était déjà distillé ici au temps de la Nouvelle-France? Bien entendu, l’histoire moderne des rhums québécois est beaucoup plus récente, mais elle prend de plus en plus d’ampleur. Coup d'œil sur une tendance en pleine explosion.

Publié le 13 novembre 2022

À l’ère de gloire des spiritueux québécois, les regards se tournent progressivement vers les rhums qui coulent de nos alambics. Le talent et la force créatrice de nos artisans et maîtres distillateurs sont sans limites et s’expriment à travers une gamme de produits pouvant satisfaire tous les palais. 

Ronald Georges, auteur du Guide Georges des spiritueux québécois

Bien que la toute première eau-de-vie canadienne (faite de mélasses de canne à sucre importées des Caraïbes) remonte à la Nouvelle-France, ce n’est qu’en 2014 que la production de rhum québécois a véritablement débuté, avec l’arrivée du rhum épicé Sainte-Marie, produit à Montréal. Et ça a énormément évolué depuis! 

Ronald Georges, auteur du Guide Georges des spiritueux québécois, avec qui nous avons eu le plaisir de discuter pour mieux comprendre le sujet, nous avoue être étonné du boom qu’on a pu observer dans la dernière année, un an à peine après la sortie de son livre. « Un mouvement est clairement en train de se dessiner », affirme-t-il. 

À chaque île son style

Haïtien d’origine, le chroniqueur en vins et spiritueux se plaît à dire que « Ronald rime avec Barbancourt ». Mais il ne boit pas seulement du rhum issu de son pays natal. Il admet avoir été particulièrement charmé par la pureté du Rhum blanc de la Distillerie de Montréal ainsi que par les arômes suaves et la longueur en bouche des rhums Chic Choc Noir de la Distillerie Ungava, et Morbleu Noir de la Distillerie Mariana. 

Dans les Caraïbes, chaque île a son style de rhum, reflet de son histoire coloniale : « Les rhums aromatisés s’apparentent davantage à ceux de l’Île de la Réunion », explique Ronald. Comme les rhums arrangés de la Réunion, nos rhums aromatisés (dont le Baba au rhum de la Distillerie de Montréal et le Rhum Mana de la Distillerie Wabasso) tirent leur saveur de la macération réalisée avec des fruits et des aromates. « Le Québécois moyen aime le sucre », argue Ronald Georges. « La chaleur des épices est un bon remède pour contrer le froid », ajoute-t-il. 

Le Québec, une bonne terre pour le vieillissement

Bien sûr, le Québec n’est pas naturellement désigné pour élaborer de l’eau-de-vie issue de la canne à sucre, qui pousse seulement en climat tropical. Mais la température fraîche de nos caves est idéale pour le vieillissement. L’usage de différents types de barriques – chêne français et américain, cerisier, bourbon, armagnac – permet de faire ressortir une plus grande diversité d’arômes. D’ici quelques années, on pourra savourer une panoplie de très beaux rhums québécois vieillis. À la Distillerie de Montréal, les fûts de chêne bercent déjà de futurs rhums 3 ans, 7 ans et 10 ans.

Né d’une famille de distillateurs en Franche-Comté, dans l’est de la France, Lilian Wolfelsberger de la Distillerie de Montréal nous a confié vouloir « devenir un auteur incontournable des rhums au Québec, et inspirer une marche à suivre ». Sa devise : « Travailler sans concession pour toujours tirer vers l’excellence ». Son objectif : « Mettre le Québec sur la map grâce au savoir-faire de ses distillateurs et maîtres de chai. »

Il a fait voyager ses trois alambics charentais à double distillation tout en cuivre, en pièces détachées, de la France jusqu’à Montréal, pour « faire des rhums qui présentent la plus grande précision aromatique ». Il traite le vieillissement avec vigilance et rigueur. Mais cela a un prix! « Tu dois goûter tes fûts toutes les semaines, préparer tes assemblages, trouver des fûts d’autres distilleries, d’Armagnac ou autres, pour donner ta propre signature à tes finish’ [ou finition, soit l’action de terminer le vieillissement d’un rhum dans un deuxième fût d’essence différente afin de développer sa palette aromatique] », explique Lilian. 

Quelques dates importantes

1769
La St-Roc Distillery, à Québec, est la première distillerie canadienne à produire une eau-de-vie à base de mélasses importées des Caraïbes. 

2014
Le rhum Sainte-Marie, élaboré en collaboration avec la Distillerie de Montréal, est le premier rhum «Embouteillé au Québec». 

2015
La Distillerie de Montréal propose le premier rhum épicé «Préparé au Québec».

2020
Le Rhum blanc de la Distillerie de Montréal remporte l’or à la prestigieuse compétition internationale  Spirits Selectionde Bruxelles pendant trois années consécutives.

2021
Le St-Roc Fondation, rhum ambré de la Distillerie de Québec, remporte la médaille d’or au concours New York International Spirits Competition.

2022
Le rhum épicé Morbleu de la distillerie Mariana à Louiseville, en Mauricie, reçoit le prix «Best of Class» dans la catégorie «Flavoured rum» à la San Francisco World Spirits Competition.

Et ce n’est qu’un début! 

« Je veux qu'on soit reconnus pour notre rhum, pas juste pour nos baleines et notre sirop. »

— Lilian Wolfelsberger, Distillerie de Montréal

Les producteurs de la Distillerie de Montréal à Rosemont, de la Distillerie Mitis aux portes de la Gaspésie et de la Distillerie de Québec se soumettent au processus complet d’élaboration du rhum, soit: 

  1. L’achat de mélasses (produit de base dérivé de la canne à sucre et de son raffinage) pouvant parcourir le monde en évitant l’oxydation.
  2. La fermentation
  3. La distillation
  4. L’aromatisation et/ou le vieillissement, selon le produit désiré (rhum blanc, ambré, noir, épicé ou aromatisé)

Ces rhums portent l’identifiant « Préparé au Québec », puisqu’ils sont élaborés localement avec des ingrédients d’ici et d’ailleurs.

Pour sa part, Lilian de la Distillerie de Montréal utilise une mélasse verte du Guatemala pour l’élaboration de son rhum blanc. Peu raffinée, celle-ci est fermentée à basse température et à l’aide d’une population de levures sélectionnées du terroir d’origine. Elle exalte des arômes plus primaires, végétaux, se rapprochant drôlement des rhums de style agricole. Pour son rhum épicé, c’est la mélasse « blackstrap », plus raffinée et plus visqueuse, qui apporte un profil charmeur, chaleureux et rond au produit.  

 

Les Distillerie Mariana, Ungava, Wabasso et BluePearl, reconnues respectivement pour les rhums Morbleu, Chic-Choc, Mana et Acolytes, importent plutôt leurs rhums pour ensuite les aromatiser, les assembler et les vieillir à leur façon. On retrouve sur les tablettes une diversité incroyable de ces rhums de l’identifiant «Embouteillé au Québec». 

À boire tel quel ou en cocktail!

Le rhum est un spiritueux très polyvalent et la diversité des profils aromatiques des rhums québécois les rendent d’autant plus attrayant. Fruité et léger, boisé et épicé, vanillé et torréfié; quelle que soit leur pastille de goût, on les sirote secs ou rafraîchis avec quelques glaçons, ou encore allongés de soda ou en cocktail. Les possibilités sont innombrables!  

Inspiration cocktail

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