«Vous venez voir mes garçons?», lance Isabelle Rochette lorsqu’on entre à la distillerie Cirka. Ses garçons, ce sont Homer et Mario, deux costauds alambics. L’un lui permet de produire du gin, l’autre de la vodka et du whisky. Isabelle est devenue distillatrice un peu par hasard. Après avoir obtenu un diplôme en sommellerie, cette native de Beauport avait en tête d’ouvrir un bar à dégustation d’alcools américains. Mais, avant, elle voulait parcourir les États-Unis et le Canada en moto, question de parfaire son palais en goûtant aux produits des microbrasseries, distilleries et vignobles qu’elle croiserait en chemin. «Ma route m’a mené jusqu’à Paul Cirka et je suis tombée en amour avec son projet», raconte-t-elle.
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Isabelle appelle affectueusement ses alambics « mes garçons »!
Des whiskys aux saveurs d'ici
Le projet de Paul, c’était de produire des whiskys «du grain à la bouteille» qui refléteraient le terroir québécois. «Il voulait redonner ses lettres de noblesse à Montréal, qui était autrefois la capitale du whisky en Amérique du Nord [plusieurs distilleries y produisaient du whisky dès le milieu du 19e siècle]», explique Isabelle. Et, parce que les deux complices aiment les défis, ils se sont mis en tête de créer un premier whisky 100 % seigle. «Ce qui est plutôt rare parce que c’est un grain difficile à travailler. Habituellement, on mélange plutôt le seigle à l’orge.»
Sept ans plus tard, Isabelle maîtrise parfaitement les alambics et crée «des whiskys qui ont du caractère et une belle complexité tout en étant faciles d’approche». Il y a le No2, composé à 100% de maïs de Saint-Jean-sur-Richelieu, le No3, une seconde cuvée de la recette originale avec 93% de seigle de Yamachiche et 7% de malt de seigle chocolaté d’Allemagne, et le No4, un assemblage de maïs et de seigle. C’est sans compter le single malt à base d’orge notamment de Saint-Joseph-Du-Lac et de Thetford Mines qui, depuis cinq ans, patiente dans les barriques. «On l’a goûté dernièrement et il a encore besoin de se détendre un peu», précise Isabelle. Même si elle jure « aimer tous ses enfants », elle avoue avoir une préférence pour le No3, vieilli dans des barriques de xérès oloroso, qui possède des notes de cacao, de café et de tabac. «Il a un profil de saveurs incroyable. Je l’adore!»


Le whisky Cirka No3, le préféré d’Isabelle
D'expertise et de passion
Bientôt, une liqueur de seigle s’ajoutera aux vodkas, gins et whiskys distillés par Isabelle. «Dans ma job, tous les sens sont sollicités. Il y a à la fois un côté créatif et scientifique. Et ça me tient en forme!», lance-t-elle, précisant qu’elle pellette une tonne de grain par jour. Le moment qu’elle préfère ? Ouvrir une barrique de whisky et goûter ce qu’elle recèle. «C’est là que la magie opère!»
Bien qu’elle soit l’une des premières distillatrices du Québec – et l’une des rares, sinon la seule, à faire du whisky –, Isabelle ne cherche pas les honneurs. Par contre, elle accepte volontiers de jouer les mentores et n’hésite pas à conseiller ceux et celles qui partagent sa passion. «Ça me tient à cœur de faire rayonner l’industrie au Québec.» Elle se réjouit d’ailleurs de voir de plus en plus de femmes travailler dans le milieu et, surtout, des amatrices d’alcools forts qui assument leur goût. «Leur curiosité m’inspire!», s’enthousiasme la distillatrice de Cirka. Aucun doute : elle aussi est une source d’inspiration.
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