La Distillerie de la Chaufferie est née de la rencontre entre Bryan Furlong et Vincent Van Horn, qui caressaient tous deux le rêve un peu fou de fonder une distillerie. Avocat de profession, Bryan voulait transformer la grange derrière chez lui en distillerie pour fabriquer son propre gin, mais il abandonne le projet, dissuadé par des amis qui doutaient que le mariage entre travail et vie privée se fasse sans heurts. 

Distillateur chevronné ayant œuvré successivement dans le monde de la bière, du vin et des spiritueux, Vincent voulait mettre son expérience à profit et cherchait un partenaire d’affaires. Mis en contact grâce à un ami commun, les deux hommes se rencontrent finalement lors d’un repas au restaurant Archibald, à Granby. 

Le jour même, trinquant à leur futur succès, ils décident d’aller visiter le bâtiment inoccupé adjacent au restaurant. Il s’agit d’une ancienne chaufferie de l’Imperial Tobacco, abandonnée depuis plus d’un demi-siècle. Avec ses hauts plafonds, ses murs de briques rouges et ses larges fenêtres, l’endroit à un potentiel incroyable. «Dès qu’on est entré, dit Vincent en riant, on a su que c’était ce qu’on cherchait.» Le projet est lancé. En 2019, après des rénovations rigoureuses, La Chaufferie ouvre enfin ses portes. 

Le seigle, du grain à la bouteille

Tous les produits de La Chaufferie sont confectionnés du grain à la bouteille. « La fermentation et la distillation, c’est ce qui me passionne, affirme Vincent. Pour moi, c’était hors de question d’acheter mon alcool de base. » Même si produire du grain à la bouteille est un défi de taille, Bryan Furlong n’a pas été difficile à convaincre. « Tant qu’à faire quelque chose, aussi bien le faire de A à Z et avoir le plein contrôle sur nos produits. »

La distillerie collabore étroitement avec des agriculteurs locaux, notamment les producteurs de seigle québécois, qu’elle utilise comme grain de base pour ses alcools. «Pour nous, utiliser le seigle avait plusieurs avantages, explique Vincent. Premièrement, c’est une céréale très savoureuse, avec un petit côté épicé qui donne beaucoup de caractère à l’alcool.» 

Le seigle est aussi une plante bien adaptée au climat québécois, car elle germe rapidement, même à des températures basses et sa culture ne requiert pas de pesticide ou d’herbicide.

Finalement, pour l’équipe de La Chaufferie, utiliser le seigle comporte un avantage à plus long terme. «On vise à lancer notre propre whisky un jour», confie Vincent, ajoutant qu’ils souhaitent développer un produit dans la lignée des whiskys canadiens classiques, traditionnellement confectionnés à base de seigle.

Délicieux produits de caractère

Une fois récolté, le grain est fermenté puis distillé trois fois par petits lots. Chaque étape de distillation développe un peu plus le caractère propre à chacun de leurs alcools. « La beauté, c’est que nos spiritueux ont la même fermentation de base. Au goût, impossible de savoir que la base est la même tellement les saveurs sont distinctes », explique Vincent 

Gin Furlong

Il ne faisait aucun doute que La Chaufferie offrirait son propre gin. Et pas n’importe lequel! S’éloignant des gins aux arômes floraux ou boréaux qu’on retrouve couramment sur le marché québécois, l’équipe de La Chaufferie a opté pour un retour aux sources. La recette, qui s'apparente plus à celle d’un London Dry gin, a été développée par Bryan et bonifiée par Vincent. C’est un gin de caractère, aux notes riches et épicées.

Rye Sugar Shack

Avant de pouvoir finalement commercialiser leur première cuvée de whisky, l’équipe de La Chaufferie a lancé le Rye Sugar Shack. Vincent s’est inspiré de la tradition des rhums foncés, où l’intensité des jeunes rhums est balancée par l’ajout de mélasse. « On a décidé d’en faire une version inspirée du terroir québécois en utilisant du jeune rye auquel on ajoute plutôt du sirop d’érable. » Le résultat? Un digestif bien équilibré, moins sucré que ce qui se fait habituellement sur le marché. Facile d’approche, il est parfait pour ceux qui débutent dans le monde du whisky et souhaitent en apprivoiser les saveurs.

Produits éphémères

Ce n’est pas l’inspiration qui manque pour l’équipe, qui puise beaucoup de ses idées auprès de sa communauté. Depuis son ouverture, La Chaufferie collabore étroitement avec plusieurs producteurs québécois, utilisant des ingrédients saisonniers ou récupérant des produits déclassés pour les transformer en cuvées éphémères. 

Travailler ainsi évite non seulement le gaspillage d’une ressource de première qualité, mais pose un défi intéressant pour le distillateur, qui doit œuvrer d’ingéniosité pour élaborer de nouvelles recettes. Heureusement, le résultat en vaut la chandelle. Plusieurs de ces créations éphémères ont été si populaires qu’elles seront bientôt offertes de manière permanente sur les tablettes. C’est entre autres le cas de la liqueur de noyer noir Henri G, qui rappelle l’amaretto et le Frangelico.

 

Pour La Chaufferie, l’idée n’est pas de réinventer la roue. « On a beaucoup de livres à la distillerie. On aime lire, on aime savoir comment travaillent les autres pour reproduire le processus et y ajouter notre touche personnelle », explique Vincent. Qu’il s’agisse de spiritueux classiques ou de séries éphémères, chaque produit élaboré par La Chaufferie est le fruit de nombreuses heures de recherche et d’un travail méticuleux pour s’assurer d’offrir un alcool d’exception.