Art de vivre à l’espagnole : la Rioja à l’honneur

De là, on traverse les Monts Cantabriques qui en influencent le terroir, et dont les contreforts contribueront à offrir à la vigne une panoplie d’expositions et d’altitudes diverses. Bienvenue en Rioja, région magnifique dont la mosaïque viticole a de quoi séduire les amateurs de vin les plus exigeants.

Rioja DOC : première appellation d’Espagne

Son nom nous est familier, certes. Le vin de la Rioja se distingue et défend son identité en prenant le nom du lieu où il est élaboré depuis 1925, devenant ainsi la toute première DO du pays. Mais saviez-vous que l’appellation est aussi la première à atteindre le plus haut sommet de la hiérarchie qualitative des vins d’Espagne ? Plus prestigieuse encore que la DO, la DOC (obtenue en 1991) fait état d’une plus longue réputation et stabilité qualitative dans le temps. Et malgré cette aura remarquable, les vins de la Rioja offrent un éventail de styles qui demeurent absolument abordables. De quoi réjouir l’amateur en quête de découvertes!

Il faut dire que son environnement, qui combine divers types de sols et d’influences maritimes, contribue à cette richesse identitaire. Plus au nord, les Mont Cantabriques la protège des nuages chargés d’humidité provenant de l’Atlantique, mais y laisse filer des masses d’air plus tempérées. Conséquemment, les vignobles de la sous-région de la Rioja Alta, la plus concernée ici, seront teintés d’une fraîcheur bienvenue. À l’inverse, au sud, ce sera l’influence de la Méditerranée qui, couplée à une plus basse altitude, offrira plus de chaleur aux vignobles de la sous-région de la Rioja Orientale. La beauté dans tout cela? La possibilité de faire briller le cépage noble de l’Espagne, le tempranillo, qui affichera autant de personnalités, ou encore de mettre en scène d’autres variétés comme le grenache et le carignan, elles aussi acclimatées à ces variabilités environnementales.

Des rouges costauds? Oui… mais bien plus encore!

Si la région s’est longtemps fait coller l’étiquette des vins rouges puissants et boisés, sachez qu’il y a bien plus à découvrir. La tendance des dernières années et l’arrivée de jeunes producteurs dynamiques ont façonné le portrait de l’offre actuelle. La production biologique, de même que des profils axés beaucoup plus vers l’expression variétale viennent enrichir la scène et confirment encore plus le potentiel viticole de la région.

Une polyvalence imbattable pour vos accords à table

Parce que la Rioja, ce n’est pas que le royaume du tempranillo! Envie d’un blanc vivifiant pour l’apéro, les coquillages et les fruits de mer? Le cépage viura, lorsqu’il n’a pas côtoyé le bois, est tout à fait indiqué.

Laissez-vous charmer par le Ijalba Genoli avec une entrée de calmars frits, vous serez conquis. Un blanc pour les pâtes en sauce ou la volaille grillée? Le Vetiver d’Ontanon est bien rond, délicatement boisé, et séduira par ses parfums de fruits plus exotiques.

Du côté des rouges, le grenache de La Maldita a de quoi surprendre. Un tiers de la cuvée a effleuré le chêne, qui lui donnera une délicate touche épicée, mais le reste s’exprime dans un fruité gourmand avec un parfait équilibre. Bienvenue à l’assortiment de grillades improvisé ou au juteux burger maison… et que dire du prix! Difficile à battre.

Laissez-vous titiller par l’assemblage tempranillo, graciano et grenache du Rayos Uva d’Olivier Rivière, plus aérien. Du fruit, du fruit, du fruit… et ces touches florales et épicées qu’on voudra déguster à grandes lampées. Envie d’un tempranillo tout en pureté? Celui de Moraza étanchera votre soif avec cette cuvée dont une partie a profité d’une macération carbonique, le tout ayant fermenté en cuves de béton sous l’action des levures indigènes. De beaux exemples de l’élégance des vins de la Rioja Alta!

Si la Rioja a su se diversifier dans les profils de vin qu’elle propose, il reste que la région continue de conférer des temps d’élevage en fût à plusieurs cuvées, notamment dans les versions plus haut de gamme qui auront la chair nécessaire pour danser avec l’apport boisé, sans s’y perdre. Ce processus est véritablement un art, qui doit être perçu comme un accompagnement étudié dans la maturation des vins, et débute évidemment par une récolte de la meilleure qualité.

Et l’amateur averti pourra s’y retrouver facilement, grâce à l’échelle réglementée qui les encadre : si le simple rioja (ou « cosecha ») ne fera tout au plus que quelques mois en fût, et ce ne sera pas obligatoire, les riojas « crianza » en feront au moins un an, tout comme le rioja reserva, qui devra rester au moins 3 ans en fût et en bouteilles avant d’être commercialisé, alors que le rioja « gran reserva »  passera au moins deux ans en fût, et ne pourra être vendu qu’après cinq ans suivant le millésime. Et la beauté de la chose, comme les vins espagnols demeurent véritablement accessibles au niveau du coût, est qu’il est possible de s’offrir ces derniers types de vins à très bon prix.

Envie de communier avec ces vins au boisé appuyé? Jetez votre dévolu sur le Marqués de Cáceres Excellens, ou encore sur le Faustino I, un vin qui a déjà plus d’une décennie sous le goulot. Un vrai plaisir avec une belle pièce de viande rouge grillée nappée d’une sauce aux champignons sauvages!